Ma vie aurait pu ressembler à celles des des séries diffusées à la télévision, là où les familles semblent parfaites et où le plus grand malheur pouvant tomber sur une famille était un accident de voiture où le personnage le subissant s'en tire avec une simple petite égratignure à l'arcade. Et pourtant, ce fut bien loin d'être le cas. La veille de mes quatorze ans, ma mère apprit qu'elle avait un cancer des ganglions en phase terminale. Elle et mon frère aîné, Byron, âgé de dix-sept ans à l'époque, étaient ma seule famille restante depuis que mon père avait décidé de nous laisser en plan pour partir avec une femme dix ans plus jeune que lui, trois ans auparavant. Pourtant, notre mère s'était toujours arrangée pour que nous ne manquions de rien que ce soit côté argent ou côté affection, et elle s'était toujours débrouillée comme une chef, malgré la maladie qui la rongeait sans qu'elle n'en soit consciente. Tout s'était passé si vite depuis ce soir-là, et pourtant nous avions tout fait pour profiter d'elle un maximum avant que son virus ne l'emporte. Cette fichue maladie ne nous avait laissé que six mois pour nous préparer à lui dire 'adieu' et elle plongea dans son dernier sommeil bien trop vite pour nous. Ce fut à partir de ce moment que mon frère récemment majeur fut contraint de se prendre en main, investissant dans une maison plutôt spacieuse grâce à la somme d'argent démesurée que nous avions obtenu comme héritage. Une faible consolation à côté du fait d'être officiellement orphelin, remarquez...


C'était il y a trois semaines. J'étais à l'université depuis très peu de temps et je m'étais pourtant très vite acclimaté, m'y sentant mieux que nulle part ailleurs. Je ne m'attendais pas à recevoir un appel venant de mon ex petite-amie, dont laquelle je n'avais pas eu de nouvelles depuis notre rupture, datant de sept mois auparavant. La nouvelle s'était abattue comme un coup de massue. Elle me contactait pour m'apprendre que j'étais père d'un petit garçon né quelques jours auparavant, me demandant de renoncer à mes droits par le papier que je recevrai par la poste pour qu'elle puisse le laisser aux soins de l'orphelinat de la ville. Après tout -je cite- elle n'avait "que dix-huit ans" et elle n'était "pas prête pour s'occuper d'un gosse qui allait lui bouffer la vie tout le restant de son existence". Lui raccrochant au nez sous l'effet de la rage et du choc combinés, je n'avais mit que deux jours pour prendre ma décision. J'allais, avec l'aide de Byron bien entendu, élever cet enfant. Après tout, il méritait au moins d'avoir une vie digne de ce nom sans se retrouver parachuté chez des inconnus simplement parce que ses parents avaient été trop irresponsables que pour penser aux conséquences d'une coucherie sans protection, n'est-ce-pas ? Et puis.. Il ne m'avait fallu que quelques petites heures à m'occuper de ce minuscule petit être que pour m'attacher à lui et savoir que ma vie allait désormais dépendre de la sienne.