Il n’y a pas de mots pour décrire mon ressenti face à mon existence. Je suis une contradiction. J’ai envie de m’ouvrir aux autres, d’avoir une bande d’amis pour sortir en soirée ou aller boire un verre, manger une pizza ou partager des délires. Mais j’ai aussi ce profond dégoût envers moi-même. Ce blocage qui m’empêche d’être celle que je voudrais être. La véritable Gertie. Celle qui rigole facilement, qui pourrait vendre un rein pour ceux qu’elle aime. La fille qui ne se prend pas la tête. Mais je n’y arrive pas, je ne peux pas. Parce que, je n’aime pas qu’on me regarde. J’ai toujours cette impression constante qu’au moindre geste, je suis épiée. On va dire quelque chose si j’ose manger un bonbon en public, on va rire de moi si je rate une marche. C’est malheureux de vivre constamment dans le regard des autres, de s’empêcher de vivre pour éviter un regard, un rire ou une moquerie. Et pourtant, je suis certaine que même en restant assise près de la fontaine, un livre devant les yeux, je suis jugée. Parce que la nature est ainsi faite. Je suis stupide par moment, à se demander si j’ai vraiment un QI plus élevé que la moyenne. Je suis pathétique, me plaindre de ma vie. Pourtant, j’ai un toit, un job pour avoir un peu d’argent de poche. J’ai un avenir qui s’étale devant moi. Je suis en bonne santé, bien qu’avec des kilos en trop. Et je pleure sur mon sort, j’ose piétiner sur ma vie alors qu’il y a pire ailleurs. J’ose préférer l’enfermement dans ma chambre sous ma couette, plutôt que d’aller vers les autres. Finalement, ils ont raison. Parler à un psychologue sert pour toutes les personnes qui ont subi un traumatisme. Peut-être que je devrais franchir le cap, aller en consulter un et parler de ce jour. Dire ce que je ressens, m’ouvrir enfin à quelqu’un et aller de l’avant ? Oui, je devrais le faire. Mais c’est une chose que je me dis chaque jour lorsque je regarde les gouttes de sang dans le lavabo. Lorsque je passe une compresse sur mes bras. Mais c’est le seul instant ou je me sens mieux, quand je déchire ma chair avec une lame, quand je ressens cette vive douleur soudaine. Je me dis que ce que je suis, ce que j’ai au fond de moi dont je n’ose parler n’est au final, pas si douloureux que mes mutilations. Malgré tout, ça ne m’empêche pas de continuer. Elles sont petites, elles ne se voient pas beaucoup, mais elles sont pourtant bien présentes. Bras, cuisses. Un appel au secours, je sais que ça en est un. Je suis vraiment étrange. Je ne me comprends pas moi-même à vrai dire. Mais outre ce petit rituel sordide lorsque je ne vais pas bien, j’ai celui de chaque jour. Lorsque je me lève, je reste vingt minutes devant ma porte, me donnant du courage pour affronter la fosse aux lions. Marcher, affronter les regards. Personne ne me regarde sans arrêt, il faut que j’arrête de me dire cela. Mais c’est tellement difficile lorsqu’on est complexée de se dire qu’on passe inaperçu lorsqu’on est plus large que les mannequins qu’on voit partout. Ce matin, j’ai quatre heures de physique. De quoi assommer n’importe qui. Et moi, je sais par avance que je vais m’ennuyer. J’emporte mon lecteur CD, pas d’iPod chez moi, trop cher. Je traverse le campus, tête basse et écouteurs aux oreilles. Je suis mon chemin, je ne souris à personne et je n’ose même pas adresser un regard à quiconque. J’essaye de me faufiler plus qu’autre chose. J’arrive devant l’amphithéâtre, je m’installe à ma place habituelle. Le cours commence, thème du jour, les sept opérations arithmétiques. Je connais. Je soupire, j’allume mon lecteur et je m’isole dans ma musique. Quatre heures après, j’ai les yeux explosés et une migraine à venir. Je sors de la salle, passant entre les autres sans un mot. Je ne suis qu’un courant d’air. Je vais jusqu’au réfectoire pour manger rapidement avant d’aller en mathématiques appliquées. Je passe avec mon plateau, prenant des frites et du soda. Je prends un cheese-cake en dessert. Avec mon plateau, je cherche une table disponible et je m’installe près des fenêtres. Mon plateau est mon reflet. Gras. Je porte une frite à ma bouche lorsqu’un groupe de Cheerleaders passe devant moi. Je le sens à leur regard que c’est ma fête. Ce petit air sournois, moqueur. Elle encadre ma table, je baisse le regard. « Alors ma grosse, tu veux rouler ? Fais gaffe, bientôt tu devras payer ta scolarité pour deux à force. » Elle rigole, je me sens mal. J’ai juste envie de pleurer et à la fois, de me lever et de griffer leurs visages parfaits. J’ai envie de hurler, de me rebeller, mais je suis incapable de bouger ni même de réagir. Alors, je repose ma frite en n’osant plus rien faire. « Allez, t’empêches pas de manger pour nous, on ne voudrait pas priver ton énorme corps de ses calories quotidiennes. Laisses-en pour les autres surtout ! »
Sous ses allures d'homme, Damien était encore comme un enfant. Notamment pour son cycle de sommeil. Le bonhomme avait besoin de grande nuit réparatrice pour se reposer pleinement. Il était du genre a pouvoir dormir 15 heures de suite, sans même se réveiller. Un ours en hibernation, voilà ce a quoi il ressemblait lorsqu'il fermait les yeux sur son oreiller. C'était donc une grande joie pour lui, lorsqu'il ne commençait pas ses cours a l'aube. En début de matinée, a 13heures30, c'était bien ! Bon d'accord, ça n'avait rien d'une matinée, mais elle commence a partir du moment ou on se réveil, non ? D'accord, d'accord, Damien se couchait tard, en général, passant une grande partie de ses soirées a divers endroits, sorties, ou d'entrainement de tout type. Et par conséquent, il avait besoin de se lever tard, ou il était passablement grognon. Ce matin, donc, il n'avait pas cours. Et c'était tant mieux. Il avait passé une grande partie de sa soirée dans une salle de sport, a cogner contre cet énorme boudin qui pendouillait autour d'une chaine. C'était une personne réellement impulsive, et il avait besoin de ça. Il avait apprit, a ses dépends, que contrairement a un homme, ce sac de grain de parlait pas, et ne lui causerait pas d'ennuis pour l'avoir maltraiter quelques heures. Rentrant donc tard, il se leva autour des onzes-heures et demi. Il ouvrit les yeux difficilement, se retournant mainte et maintes fois dans son lit, espérant se rendormir encore un peu, repoussant son réveil sur son téléphone. Au bout de trois tentatives, il cessa ce jeu. Il venait de dormir presque dix heures, ca n'était pas 5 minutes de plus qui allait changer grand chose. Et puis, il avait faim. Il entendait déjà son estomac crier famine. Après un rapide passage sous la douche, il s'habilla en deux deux pour filer manger. Pas question qu'il loupe un repas, son corps n'en était pas capable. Et puis, s'il se dépêchait, il pourrait dans doute éviter la foule de la file d'attente. Il n'avait pas la patience pour faire le pied de grue un quart d'heure avant de pouvoir se servir. Avant de sortir, il déroba une petite poignée de M&m's cachés dans son tiroir de table de nuit, et les grignota jusqu'au réfectoire. Il sourit en ne voyant qu'une petite poignée de personnes devant lui. Le jeune homme avait beau être gourmand, particulièrement pour toutes les cochonneries, il faisait, paradoxalement, plutôt attention a ce qu'il mangeait. Même s'il le faisait en grande quantité, il évitait les aliments trop gras. Il aligna sur son plateau plusieurs entrées, opta pour une de la dinde et des haricots, et s'empara d'une pomme et d'une mousse au chocolat comme dessert. Lorsqu'il passait avec sa carte pour crediter son repas, la dame qui surveillait tirait toujours une drôle de tête. Ca l'amusait. Lors de sa première année, on lui faisait souvent la remarque qu'il n'avait pas le droit a autant, mais, c'était un Zeus, après tout. Non non, il n'était pas Dieu et n'avait pas le droit de tout faire, mais il était sportif, il avait bien besoin de forces ! Maintenant, il n'avait plus de remarques, juste quelques petites grimaces.
Avec sa presque trace d'oreiller encore sur la joue, l'un des étudiants devant lui se mit a le charier sur son plateau. Comment faisait-il pour manger ça, au réveil ? Ca ne lui semblait pas si étonnant, et encore moins impossible, puisqu'il le faisait ! Il s'installa a une table près de la fenêtre, et attaqua ses entrées avec appétit. Il aperçu un groupe de filles entrer dans la cafétéria, et s'empara de son téléphone, pour paraître occuper. Il était hors de question qu'elles s'installent vers lui comme elles aimaient le faire.Il venait de se lever, il n'avait pas forcément envie de faire la conversation avec elles. On a beau dire des sportifs, même s'ils ne sont pas forcément très bon en cours, ça ne reflète pas nécessairement un manque d'intelligence et un attrait particulier pour les conversations dénuées de sens. Et parler de coiffures, de chorégraphies et de vêtements, franchement, ca n'était pas sa tasse de thé. Quand il releva les yeux de son écran tactile, il fit un sourire contrit a l'une d'elle, qui le regardait. Et merde. Il était repéré. Elle s'était arrêtées autour d'une table, et parlait avec une jeune fille, qui mangeait seule, elle aussi. Peut-être qu'il allait être chanceux, et qu'elles allaient s'installer vers leur amie ? Amie ? Avait-il pensé amie? Non parce que la bride de conversation qu'il entendit semblait être tout autre. Il n'était pas le plus fort d'un point de vue relationnel, mais il demeurait sociable, et il ne lui semblait pas que : « [...] on ne voudrait pas priver ton énorme corps de ses calories quotidiennes. Laisses-en pour les autres surtout ! » soit de caractère très amical... Il fronça un peu les sourcils, se penchant sur le coté pour voir qui était l'heureuse élue de ses critiques. Il n'eut pas besoin de voir la jeune femme pour se sentir agacé par ces propos. Entendre les filles rirent lui suffisaient. Elles se moquaient d'elle? C'est a ce moment qu'il aperçut la demoiselle un peu ronde, qui semblait attendre le dernier coup, pour qu'elles partent et qu'elle puisse être tranquille. C'était une façon de faire, pourquoi pas... Il était plutôt du genre a s'emporter, lui. « Ben alors, tu boude tes frites? C'est pas assez gras pour toi ? » Elle n'allait pas réagir, vraiment ? Et attendre, simplement? L'une des cheerleaders fit un nouveau sourire a Damien, sans doute ravie d'être au coeur de ce scandale culinaire, et de pouvoir prouver qu'elles étaient les plus belles, qu'elles savaient éviter les aliments interdit... « T'as peur de quoi, que t'as chaise explose ? » ajouta une autre. Sentant la contrariété monter en lui, il les regarda. Elle allait bien réagir, la petite, non ? Il avait horreur de ça. Qu'on se moque de quelqu'un. En intimité, ça l'agaçait déjà, mais en public, comme ça, juste pour amuser la galerie... Il ne fut d'ailleurs pas le seul a être intrigué par ce petit moment. Quelques personnes s'étaient tuent, pour parvenir a entendre un peu plus sur cette condamnation a mort. « t'as aussi bouffée ta langue ma grosse ? » ajouta l'une des pestes, en se penchant vers elle, histoire de donner un peu plus de vie au spectacle. Serrant des mâchoires, Damien se sentait de plus en plus énervé. La méchanceté gratuite, comme ça, il ne comprenait pas. Et l'avait trop subit pour n'être qu'un témoins débile, a ricaner de la situation. Il se leva , attrapa son plateau, et avança de quelques tables pour s'approcher du crime.Si elle ne voulait pas se defendre, lui, n'allait pas se priver d'intervenir... « Tu sais Jenny, si tu veux des frites, t'en réclame là-bas, t'es pas obligée de loucher sur celle de mon amie » dit-il en posant son plateau a coté de celui de la jeune femme, poussant la cheerleader de son chemin, pour s'installer. Il prit le morceau de patate au bord de l'assiette de la demoiselle, alors que ladite Jenny répétait de façon étonnée et dédaigneuse: « ton amie ? » et il lui sourit, en l'agitant devant son nez, avant de lui intimer « Allez, tiens, prend la, te gêne pas. T'auras mangé pour le mois comme ça. » Honnêtement, ça aurait été des mecs, il aurait moins mit de formes. Heureusement pour elles, il n'était pas du genre méchant avec les femmes, et n'ayant pas envie de faire plus de scandales, il évitait de parler trop fort, pour ne pas amuser la galerie. Elle le toisa du regard, comme les autres, et il la regarda, souriant, d'une façon a la fois arrogante, et faussement sympathique, avant d'avaler la frite lorsqu'elle tourna les talons avec sa bande. Il les suivit du regard avant de rouler des yeux, soupirant : « quelle plaie ces nanas là.. ». Se tournant alors vers la jeune fille muette, il tira la chaise devant son plateau, a ses cotés, et lui demanda : « je peux ? » A la fin de la question, il était déjà assit. C'était rhétorique. Il était bien trop intrigué par une telle attitude, pour essuyer un refus. « Salut » dit-il alors pour ne pas paraître comme un grossier personnage, qui predrait ses aises, avant d'ajouter " Tu te laisse toujours marcher sur les pieds comme ça, ou..." s'étonna-t-il, tourné vers elle, soucieux, laissant sa fin de phrase en suspense. Y'avait peut-être un "ou", après tout...
« Ben alors, tu boude tes frites? C'est pas assez gras pour toi ? » Entendre, mais ne pas réagir. Laisser parler, encaisser puis hurler en silence. J’essaye de penser à autre chose, d’imaginer plutôt des amies qui m’encadrent, qui me souhaite du courage pour mes heures de mathématiques. Qui me soutienne face aux longues journées de cours, qui me dise qu’elle m’adore. Mais c’est une autre forme d’affection auquel j’ai le droit. « T'as peur de quoi, que t'as chaise explose ? » Si seulement, je pouvais l’exploser contre ta tête. Mais je ne dis rien, restant tête basse et larmes au bord de la chute. Je n’ai qu’un geste à faire, redresser la tête. Foncer mon regard, montrer que j’entends et que je n’accepte pas. Mais j’en suis incapable. Comme tétanisée. A quoi ça sert de se battre aujourd’hui puisque demain sera identique. Si ce ne sont pas elles, d’autres viendront se planter face à moi. Pour dire que je prends toute la place, que je sens la frite. D’autres termes aussi poétiques. « t'as aussi bouffée ta langue ma grosse ? » Je me mords les lèvres, fermant les yeux et priant pour qu’une météorite s’écrase juste à cet endroit, où se tiennent bien droites ces filles. J’imagine le sang giclé partout autour. A cet instant, je m’identifie à Carrie. Je me vois traverser une pièce pleine de sang, enfermant tous ceux qui ont un jour, osé m’insulter pour me délecter de leur souffrance. Mais je ne suis pas ainsi. Trop gentille. Même si elles sont odieuses, si l’une d’elle avait un problème et que j’ai la solution, je lui donnerais. Trop bonne, trop conne. Elles n’ont pas des cours ou autres ? J’aimerais au moins finir de manger avant les cours. Bien que je puisse jeûner, ça ne me fera pas de mal après tout. ... « Tu sais Jenny, si tu veux des frites, t'en réclame là-bas, t'es pas obligée de loucher sur celle de mon amie » Le bruit d’un plateau déposé sur la table me fait légèrement sursauté, tandis que je lève légèrement la tête pour savoir qui vient arrêter ce massacre puéril. Ais-je bien entendu le mot « amie » ? Pourtant, je ne le connais ni d’Eve, ni d’Adam. Surprise, je ne peux qu’assister à l’échange entre la dénommée Jenny et celui qui vient sauver la situation. « Allez, tiens, prend la, te gêne pas. T'auras mangé pour le mois comme ça. » Micro sourire qui étire mes lèvres, que je cache derrière une main pour ne pas aggraver mon cas. Car elles pourraient crier vengeance et venir m’humilier ailleurs. Les filles partirent en faisant claquer leurs talons sur le sol. Mon regard les suivit et je remarque que d’autres têtes sont tournées vers moi et le garçon, regard de pitié. Je rougis. Je déteste ça. « je peux ? » Je tourne le visage vers lui, m’apprêtant à répondre mais il a déjà pris place. Pas de question donc. Cela me fait sourire. « Salut » répondis-je en retour. Premier mot que j’ose prononcer. Enfin ma voix se fait entendre. « Tu te laisse toujours marcher sur les pieds comme ça, ou... » Mon regard azur croise le sien et je lève les épaules, retournant sur mon plateau. Je n’ai plus faim avec cette histoire, mon ventre est comme noué. Je soupire, glissant une mèche rebelle derrière mon oreille. « Je pense que c’est inutile de répondre, ça ne fera qu’empirer et je préfère qu’elles partent vite plutôt qu’une joute verbale puérile. » Je croise mes bras devant moi, le regard sur la table blanche parsemé de plusieurs tâches imprégnés. Je me racle la gorge, je dois le remercier. Mon visage rond se tourne vers le sien, parfait et mince. « Merci pour… ça. Enfin, de les avoir fait partir. C’est gentil… » Maigre sourire comme récompense, mais je ne pense pas que ce soit important. « Gertie… » Ajoutais-je en tendant ma main vers la sienne. Main timide à moitié caché par mon pull, mais pourtant tendue pour oser nouer un lien.
Damien venait donc de s’installer auprès de la demoiselle, afin d'éloigner cette bande de filles odieuses , dans un premier temps, puis dans le but de comprendre pourquoi. Pourquoi n'avait-elle pas réagit ? Enfin, il était fort probable qu'elle ait eu une réaction, mais elle la dissimulait. Pourquoi ? Lorsqu'il la salua, elle tourna son visage sur lui, et il lui fit un léger sourire, peiné. Peiné pour elle, car ses yeux semblait prêt a lâcher la sauce. Elle ne restait donc pas indifférente aux remarques. Et ne pas y répondre,n'était pas la solution. Il lui posa donc sa question, espérant qu'elle lui réponde et qu'elle ne le renvoi pas balader. En même temps, ça n'était pas une grande possibilité. Si elle n'avait pas fait dégager ces nanas, elle n'allait pas lui dire de partir. La jeune femme détourna alors le regard, fixant son assiette, en répliquant : Je pense que c’est inutile de répondre, ça ne fera qu’empirer et je préfère qu’elles partent vite plutôt qu’une joute verbale puérile. » Une joute verbale ? Qui avait dit qu'elle avait besoin de parler ? Si Damien avait bien comprit une chose durant sa scolarité de son enfance, c'était qu'a defaut d'avoir beaucoup de muscles, aoir l'avantage du poids, ça pouvait toujours servir. La demoiselle aux yeux humides n'avait pas tant de kilos en trop que ça, elle était juste un peu ronde. Mais ça pouvait toujours lui servir. Elle semblait avoir été suffisamment forte pour ne pas céder aux larmes. Ou était-ce juste de la fierté ? Non, pour sa fierté, elle aurait répliqué. Alors qu'il haussait les épaules, face a sa réponse; elle se tourna de nouveau vers lui, pour le remercier. Il n'attendait pas de remerciements. Il n'aimait pas en avoir, pas pour ça. Parce qu'il ne devrait pas y avoir besoin de dire merci, dans ces situations. Elles devraient ne pas exister, tout simplement. Il accepta ceci dit, par politesse, a l'aide d'un sourire rapide, rectifiant son " c'est gentil" par un " non. C'est normal."
" Gertie" prononça-t-elle. Il releva ses yeux sur elle, dans une légère grimace : " Hein?" grinça-t-il , n'étant pas sur d'avoir comprit. La seconde suivante, son cerveau fit le lien, entre ça, et la main tendue. OH ! Elle se présentait !Merde ! " Oh, euh oui ! " prononça-t-il ensuite. Mais qui de nos jours tendait sa main pour se présenter en même temps ? Et comme elle devait penser qu'il allait la saisir, d'ou son action, il s'exécuta, d'un geste bien plus sur qu'elle, et d'une poigne bien plus forte. " JD, pardon. " il lâcha sa main dans un large sourire bienveillant, et se justifia " Enfin, Damien, mais JD, c'est bien. Je viens de me réveiller, je suis un peu long a la détente . Enchanté. Gertie ?" demanda-t-il d'une voix hasardeuse, pas totalement certain de lui. C'était assez étrange. Même s'il s'était également présenté via son surnom, il n'imaginait pas une seconde que c'était son cas aussi. Donc oui, c'était un prénom qu'il n'avait jamais entendu. Attrapant sa bouteille d'eau, il prit une longue gorgée avant de parler a nouveau, attaquant son plat chaud. Discuter n'allait pas lui remplir le ventre ... " Tu sais tout a l'heure, tu aurais pu riposter différemment qu'avec des mots, si ça t’ennuyais. Rien que sur ton plateau, je vois déjà deux objets de réponse. Le cheesecake ou le soda dans sa face, c'était sa fuite assurée. T'imagine ? Son maquillage imparfait.., AU-SE-COURS! " fit, il en souriant, se moquant de cette mentalité a vouloir être parfaite a tout moment. Mais ca serait pas non plus une réponse très mature., c'est ça ? Mais en même temps, qui avait dit qu'il fallait l'être ? Réalisant qu'il était le seul a manger, et qu'elle ne touchait plus a son plateau, il lui lança un petit regard, : " Tu devrais manger, ça va etre froid. " lui conseilla-t-il. Les réflexions qu'elle s'était prise lui avait sans doute couper un peu l’appétit ? Mais l'appétit vient en mangeant, alors qu'elle reprenne ! Elle ne devait pas se laisser atteindre comme ça.
« Hein ? […] Oh, eu oui ! » J’étire un petit sourire, à peine visible. J’ai tellement l’habitude de parler peu fort que j’en oublie d’être audible pour les autres. Il regarde ma main puis la sert également. « JD, pardon » Je réponds à son sourire, bien moins grand mais pourtant présent et visible cette fois. Il enchaîne sans que je n’ai le temps de répondre : « Enfin, Damien, mais JD, c’est bien. Je viens de me réveiller, je suis un peu long à la détente. Enchanté. Gertie ? » Le dernier mot semble plus une question et je remue de la tête positivement pour lui faire comprendre qu’il s’agit bien de mon prénom. Je ne vais pas lui donner mon véritable prénom, c’est encore plus honteux que Gertie. Je maudis mes parents et leurs goûts hasardeux quand aux prénoms de leurs enfants. D’ailleurs, même si je me plains beaucoup de mon enfance, je sais que ma sœur et mon frère aussi ont subi quelques moqueries. Sauf qu’ils sont plus forts que moi, qu’ils n’ont jamais été atteints par toute cette immaturité. Il semble décidé à rester attablé avec moi, ce qui me surprend et à la fois me fait plaisir d’une certaine façon. Je ne suis donc pas repoussante au point de m’éviter comme la peste, surtout par un beau garçon. Car il faut l’avouer, JD est même très beau. « Tu sais tout a l'heure, tu aurais pu riposter différemment qu'avec des mots, si ça t’ennuyais. Rien que sur ton plateau, je vois déjà deux objets de réponse. Le cheesecake ou le soda dans sa face, c'était sa fuite assurée. T'imagine ? Son maquillage imparfait.., AU-SE-COURS! » Je cache mon rire derrière une main devant mes lèvres, franchement amusée par ses propos véridiques. J’aurais pu agir de cette façon, seulement je me sens bien plus intelligente pour répondre par un geste puéril. Certes, je n’aime pas me faire humilier mais, de là à répondre par un lancement de nourriture ou des insultes. Non. De toute façon, ce n’est qu’une bataille supplémentaire, il y en aura d’autres. A croire que la différence est interdite, ou du moins qu’elle n’est pas acceptable sans moquerie. Même des personnes handicapées étaient parfois le centre d’humiliations, ce qui m’agaçait bien plus que moi. « Je pourrais, seulement je n’en vois pas l’intérêt. Et puis, ça pourrait être pire par la suite. Sujet à vengeance… » Répondis-je d’un mouvement d’épaule. « Tu devrais manger, ça va être froid. » Je tourne la tête vers lui, touchée qu’il remarque cela. Mais à la fois, je me sens honteuse de mon choix de nourriture. Car c’est bien le reflet de ce que je suis, et j’ai encore la gorge nouée. Mais ne voulant pas non plus en faire trop sur mes ressentis, je prends une frite pour la manger sans réellement conviction. « Pourquoi est-ce que tu es venu ? Je veux dire… Tu es un garçon enfin… » Mes joues prirent une teinte rosée, je suis gênée. « Je ne veux pas te blesser mais, les garçons dans ton style ne remarque pas les filles dans mon genre. Vous passez à côté de nous sans même un regard, comme si nous étions qu’un simple objet de décoration dans les couloirs ou ailleurs. Mais là, tu viens m’aider et tu restes à table avec moi… C’est gentil, et j’apprécie beaucoup. » Je suis curieuse et à la fois, j’espère ne pas lui faire sentir que je repousse sa compagnie. Elle m’est agréable, bien plus qu’il ne peut le comprendre. Je glisse une main dans mes cheveux pour replacer une mèche rebelle derrière mon oreille. « C’était par pitié ? »
C'était tellement étrange d'entendre quelqu'un gérer ce problème en se terrant de le silence. Il n'avait jamais compris le principe de tendre la deuxième joue après avoir reçu un coup. C'était pas Jesus. On lui donnait un coup, il en donnait deux, pour les intérêts. Certes, c'était une solution mais a double tranchant, non ? Soit la personne était lassée de n'avoir aucune emprise, et abandonnait les attaques inutiles, soit elle trouvait ça encore plus amusant, d'écraser quelqu'un sans qu'il ne se défende. C'était le cas de Gertie, apparemment. Parce qu'elles ne se lasseraient jamais. Ça l'atteignait, c'était plus qu'évident. Elle ne le prenait pas avec humour, et son visage reflétait sa peine. C'était triste, pour elle. Damien n'avait clairement pas assez de réflexion, de contrôle de soit, pour rester passif. « Tu devrais manger, ça va être froid. » lui avait-il dit en remarquant qu'elle n'avalait plus rien. Son assiette était encore pleine, elle ne pouvait pas prétexter ne plus avoir faim comme ça. Et elle ne devait pas se priver, a cause des autres. Vu son propre plateau, il était évident que JD ne se privait pas. Ses entrées englouties empilées les unes sur les autres témoignait de son grand appétit. Certes, le sport qu'il accumulait derrière les éliminait aisément, mais il ne s'était jamais privé. Il avait revu son alimentation, certes, mais sa vie n'était pas un éternel régime, ou il refusait toutes sucreries ou aliments gras. Il allait au Mcdo souvent, il mangeait constamment de la merde - pas littéralement hein - et alors ? Quand elle prit une frite, il sourit discrètement, a la fois content qu'elle l'écoute, qu'elle accepte de manger, mais son sourire était tamisé. Elle avait tellement peu confiance en elle qu'elle attendait qu'on lui autorise a manger ? Des filles se pointaient, elle arrêtait, on lui disait de le faire, elle s'exécutait ? Il était temps qu'elle avale un peu de caractère, cette Gertie...« Pourquoi est-ce que tu es venu ? Je veux dire… Tu es un garçon - il releva sa tête de son assiette, engloutissant une fourchette de haricots, et la regarda. Oui, jusqu'à là, oui, il parait - « Je ne veux pas te blesser mais, les garçons dans ton style ne remarque pas les filles dans mon genre. Vous passez à côté de nous sans même un regard - il avala ses légumes, et sourit en brisant ce rictus par une gorgée d'eau - comme si nous étions qu’un simple objet de décoration dans les couloirs ou ailleurs. Mais là, tu viens m’aider et tu restes à table avec moi… C’est gentil, et j’apprécie beaucoup...C’était par pitié ? » Elle se posait bien trop de question. Mais c'était légitime, non ? Quand il n'était que le P'tit gros, une fille serait venu vers lui, il aurait pensé qu'elle se moquait, ou qu'elle avait un défi. On devient très vite paranoïaque, lorsqu'on est sujet aux moqueries. Elle n'avait pas l'air de le prendre mal non plus, mais ça semblait l'intriguer. Mais elle n'avait pas tord. Il était forcément passé a coté d'elle, en venant s'installer, et il ne l'avait pas vu. Quand bien même l'aurait-il vu, il ne se serait probablement pas installé a coté d'elle. Mais pas pour des raisons qui pourraient sembler évidente aux "type de gens comme lui". Il ne serait pas aller vers elle pas parce que ca serait " trop la honte" par exemple ou autre connerie. Mais parce que lui même appréciait manger seul, et il n'aurait pas pensé " elle est seule et sans amis, je vais faire ma BA." mais tout simplement qu'elle souhaitait peut-être un peu de solitude aussi. C'est pourquoi il répondit, sans hésité : " Non, c'pas de la pitié." C'est vrai que ça pouvait y ressembler. Mais non. C'était plutot de la .. connaissance de cause ?
Piquant le dernier morceau de dinde, il l'enfourna dans sa bouche en lui souriant, et mâchouillant, il reprit : Déjà je suis pas sur d'être vraiment d'accord pour être mit dans un sac qui s'appellerait les " garçons de mon style "- il avala, réalisant qu'il parlait la bouche pleine - mais admettons. Si les "garcons de mon style" ne voient pas les filles comme toi, comme "vous", tu crois pas que c'est parce que vous vous cachez aussi ? Tu sais nous les mecs, on est pas très déco. Alors même si c'est une jolie décoration, on n'y fait pas gaffe. Et pis j'ai pris mon plateau pour pas qu'on me le vole, c'est tout." plaisanta-t-il. Il ne voulait pas être vu comme le sauveur, ou quelque chose comme ça. Il ne l'avait pas sorti d'un immeuble en feu non plus. " et pis je peux pas retourner a ma table, c'est blindé de monde " Il regarda devant eux, mais les tables étaient libres. Attrapant a nouveau sa bouteille d'eau, se balançant un peu sur sa chaise en arrière il ricana : " Bon j'admet que là tout de suite, comme ça, c'est pas flagrant...! " Il fit un sourire a la demoiselle . Damien n'était juste pas comme "tous les autres." Ca ne lui semblait tellement pas improbable qu'une tiers personne intervienne entre deux autres en pleins conflits... Ca l'était bien trop souvent, malheureusement. Les gens avaient peur, ou étaient simplement indifférent. C'était bien pour ça que les passants dans la rues pouvaient rester aveugles devant une agression, un vol, un combat. Et c'était là qu'entrait en jeu tout l’intérêt d'être une personne qui ne craint pas les coups, qu'ils soit physique ou moral, et qui se soucie d'autrui " Faut pas croire que les autres n'ont pour toi que de la pitié. Personnellement, les seules qui m'font pitié, là, c'est elles. J'aime pas qu'on s'en prenne a plus faible que soit. Sans vouloir t'offenser." conclut-il en fixant la bande des cheersleader installée a une table plus loin, accompagnée de quelques Zeus.
« Non, c'pas de la pitié. » Plutôt bonne nouvelle. Mais quoi alors ? Je suis curieuse de savoir, ne serait-ce que pour comprendre. Si ce n’est pas de la pitié, est-il un justicier ? Aimant secourir la veuve et l’orphelin ? « Déjà je suis pas sur d'être vraiment d'accord pour être mit dans un sac qui s'appellerait les " garçons de mon style […] Et pis j'ai pris mon plateau pour pas qu'on me le vole, c'est tout. » Matière a réfléxion. J’ai souvent entendu dire qu’une personne n’est attirante que lorsqu’elle y croit. Mais sans parler d’attirance, on a plus souvent envie d’aller à la rencontre d’une personne souriante plutôt qu’une triste mine comme celle que j’affiche le plus souvent. Craintive à l’approche des autres, je suis plutôt repoussante –sans parler de mon physique-. J’ai un sourire à sa dernière phrase. « Et pis je peux pas retourner a ma table, c'est blindé de monde » Mon regard se tourne vers les tables mais j’en vois plusieurs vides. Il se met à rire, et j’étire un maigre sourire en réponse. Je ne suis pas très expressive dans l’inconnu. Et même si JD est gentil, je suis trop sur mes gardes pour me lâcher si aisément. « Faut pas croire que les autres n'ont pour toi que de la pitié. Personnellement, les seules qui m'font pitié, là, c'est elles. J'aime pas qu'on s'en prenne a plus faible que soit. Sans vouloir t'offenser. » « Il n’y a pas de mal. » En effet, je sais ce que je suis, tout sauf forte. Enfin, façon de parler. Mais disons que je n’ai jamais été celle qui se rebellait face à l’autorité ou aux autres. Plutôt bonne poire va-t-on dire. C’est dans mon caractère, je suis ainsi faite et il est difficile d’aller contre dix-sept années de vie. Et puis, il y avait ce passage durant mon adolescence qui ne m’avait pas aider à l’ouverture des sentiments et des relations. Bien au contraire. Je les fuis comme la peste aujourd’hui, même si je me sens seule. Mon regard se tourne vers la table des Cheerleaders plus loin, amusé à rire avec des garçons autour d’elle. Il est logique qu’elles plaisent, qu’on les regarde puisqu’elles sont belles. Il faudrait être hypocrite pour oser dire qu’elles ne sont pas attirantes. « Ca aurait pu être pire, je pourrais finir par me retrouver avec un seau de sang sur la tête. Ou dans mon cas, de graisse liquide… » J’étire un sourire, légère tentative d’humour. Mais je fais souvent référence à Carrie dans mon cas, puisque je me vois par moment au travers d’elle. Les dons en moins, même si je rêverais de les posséder pour me défendre. Mais encore une fois, j’affirme plutôt la paix plutôt que la violence. Je ne me suis jamais battue et je ne pense pas que demain sera témoin d’une bagarre dont je serais l’investigatrice. Je continue de manger, afin d’éviter d’autres questions et parce que j’ai aussi réellement faim. Mais je ne la termine pas et tombe directement sur mon cheesecake qui remonte mon moral à zéro après ce passage moquerie. Et moi qui pensais qu’une fois à l’université, ce cap-là passerait. Que les gens seraient plus matures. Triste illusion. J’ouvre mon soda pour en boire une gorgée, avant d’attaquer ma pâtisserie. Je ne suis pas loquace, je n’engage pas la parole mais sa compagnie, je l’apprécie. « JD ? Est-ce que tu pourrais me donner un conseil sur quoi faire et dire la prochaine fois ? Parce que je ne vais pas me leurrer, il y en aura d’autres et peut-être que pour une fois, j’aimerais m’offrir le plaisir de répondre. » J’étire un sourire en croisant son regard. « Même si je risque de passer un sale quart d’heure par la suite. »
« Il n’y a pas de mal. » Non, effectivement, il n'y en avait pas. C'était une simple vérité. Gertie était plus faible qu'elle. Mais pour sa défense, ce type de nana là s'attaquait a quelqu'un, et le faisait en groupe. L'union fait la force, c'est pas pour rien qu'on dit ça. Mais il y avait toujours une solution pour s'en tirer. Se balançant sur sa chaise, il regarda son plateau, puis celui de la demoiselle. Heureusement qu'il y avait ces trucs sucrés, où il la gênerait peut-être, avec sa pomme son eau et ses haricots, contre ses frites soda et gâteau. Au moment ou il réalisa ça, son esprit avait déjà concocté des excuses pour l'amuser, ou pour qu'elle n'y fasse pas attention. Elle avait bien raison de se faire plaisir. Dis moi ce que tu manges, je te dirais ce que tu es, c'était de la pure connerie. Et puis merde, c'était pas interdit tout de même? Il ne savait pas si c'était de penser aux paroles qu'elles lui avaient dit, ou de les voir rirent probablement de leur exploit qui l'agaçait, mais il sentait une légère vague de colère revenir. Parfois, il se demandait comment il arriverait a se gérer, s'il n'avait pas le sport. Comment les gens faisaient pour se défouler, sans ça ? « Ca aurait pu être pire, je pourrais finir par me retrouver avec un seau de sang sur la tête. Ou dans mon cas, de graisse liquide… » Il ricana doucement, avant de reposer les quatre pieds de sa chaise au sol. Elle parlait vraiment de ce vieux film ? Il ne se souvenait même plus de quoi ça parlait, mise a part d'une fille rejetée, et cette scène culte au bal, ou elle se prend ce fameux seau de sang. Il cessa rapidement de ricaner, ne sachant guère si elle plaisantait, ou non. Ceci-dit, elle émit un faible sourire. C'était un bon début, non ? Il attrapa sa pomme, s'amusant a la lancer d'une main a l'autre, la laissant manger tranquillement. Elle semblait assez timide, il n'avait guère envie de l'importuner. Et puis, il continuait ce petit jeu avec les cheersleaders, qui lançaient parfois un regard vers leur table. Le jeu, leur sourire. Pas pour les séduire, mais plutôt pour dire : et oui, je suis encore là.
JD était quasiment sur que s'il partait, elles reviendraient, pour finir ce qu'elles avaient commencer. Elles ne s'en prenaient pas a lui tout simplement parce qu'il était dans l'équipe de foot, et qu'elles tenaient a leurs petits privilèges, comme s’asseoir a cette table de sportif. Sans elles, le sport existerait. Moins de supporter, peut-être mais, il serait la. Sans sport, elles ne seraient plus rien. C'est pourquoi il songeait a une mise au point avec elles. S'ils apprenait qu'elles l'avaient encore importuné, ça allait chier. Il jeta un regard a la demoiselle qui mangeait doucement, tout en continuant a jouer avec sa pomme, pensif. C'était peut-être idiot, non ? Il ne pouvait pas venir comme ça, et imposer ça. Ca n'allait pas dans son idée. Gertie devait se protéger des autres, toute seule, elle n'avait pas besoin d'une protection, sans la mérité. Il ne serait pas toujours là. La fac était grande, peut-être qu'il n'allait même jamais la recroiser. " JD?" Il retomba sur sa chaise, ne s'attendant vraiment pas a ce qu'elle reprenne la parole, manquant presque de rattraper sa pomme « Est-ce que tu pourrais me donner un conseil sur quoi faire et dire la prochaine fois ? Parce que je ne vais pas me leurrer, il y en aura d’autres et peut-être que pour une fois, j’aimerais m’offrir le plaisir de répondre. » Il était vraiment surprit, de l'entendre dire ça. Mais ravit ! Elle lui sourit en le regardant dans les yeux, et il fit de même. « Même si je risque de passer un sale quart d’heure par la suite. » A nouveau, il ricana, prenant ça pour une blague, et cessa, en comprenant que peut-être que ça ne l'était pas, non.
Il croqua dans le fruit, pour se taire, et reprenant sa bascule, il répondit : " bah déjà, tu pourrais commencer par te promener avec des lingettes démaquillante dans ton sac. Ca serait comme une sorte d'ail contre les vampires." Il sourit a sa propre blague, imaginant très bien une fausse scène, avec Getie qui court derrière elles, en agitant les lingettes, les faisant hurler d'effrois. " Non sérieusement, je suis pas une bonne source de conseil. Si on m'écoutait, tout ce résoudrait par la violence. Mais c'est pas la solution. En plus, elles sont trop forte pour toi." dit-il sincèrement. Parce que derrière ces silhouettes minces et fragiles se cachaient tout de meme des filles sportives. Pour certaines chorégraphie, il ne doutait pas qu'il faille de la force. " En groupe, en tout cas. tu connais la planète des singes ? C'est pareil. Y'a un chef, et si tu arrives a dégommer le chef, les autres te respecterons. Faut pas croire que rester gentille, ça fonctionne." dit-il en faisant tomber son regard sur elle. Parce que ça se voyait, que c'était une fille gentille. " T'es pas chez les bisounours. On gagne pas la guerre avec des fleurs." reprit-il en croquant dans sa pomme, reposant son regard sur elles : " donc soit tu gagne en répartie, soit tu gagne en force. Dans les deux cas, faut trouver le point faible, et faire mal. tu sais ces filles sont comme tout le monde, elles ont des secrets. Et ils sont mal cachés." Elles n'avaient pas que des amis, et si Gertie cherchait bien, elle pourrait trouvé une bande de "martyrs" pret a l'aider pour passer a l'action. Il pourrait lui en révéler quelques uns, comme l'avortement de telle fille, le passage sur le billard de certaines, lui donner des sites ou des photos peu flatteuses étaient hébergées... Mais ça irait a l'encontre de ces principes. Il voulait bien aider Gertie, mais pas en se moquant d'elles. Qu'elle le fasse ne le gênait pas tant que ça, après tout elles avaient commencés, mais c'était sa bataille à elle, pas la sienne.
« Bah déjà, tu pourrais commencer par te promener avec des lingettes démaquillante dans ton sac. Ca serait comme une sorte d'ail contre les vampires. » Je ne suis pas certaine de saisir. En quoi des lingettes démaquillantes risquent de m’aider face à des demoiselles trop moqueuses envers moi ? À peine m’approcherais-je pour éponger le visage de la poudre, que je serais déjà au sol. Il se met à sourire et j’en conclus que ce n’est qu’une farce. « Non sérieusement, je suis pas une bonne source de conseil. Si on m'écoutait, tout se résoudrait par la violence. Mais c'est pas la solution. En plus, elles sont trop fortes pour toi. » Trop forte pour moi ? Je n’en ai aucun doute, car même si je suis grosse, elles ont quelques choses que je n’entretiens pas. Une musculature. La graisse face aux muscles ne fait aucun poids, sauf sur une balance. JD est donc un garçon qui sort plus souvent les poings qu’une bonne réplique. Je ne suis pas surprise puisqu’au jour d’aujourd’hui, la parole n’est plus une méthode pour apaiser les tensions. Il faut soit jouer des coudes ou avoir de bons arguments crades. « En groupe, en tout cas. tu connais la planète des singes ? C'est pareil. Y'a un chef, et si tu arrives a dégommer le chef, les autres te respecterons. Faut pas croire que rester gentille, ça fonctionne. » Je fronce des sourcils. Comment pourrais-je le faire ? M’en prendre à la capitaine des Cheerleaders, autant signer mon arrêt de mort immédiatement. Mon regard tourne sur la table de ces filles, cherchant quoi dire ou faire lors d’une prochaine humiliation. Je n’aime pas m’abaisser à cela, j’ai l’impression de retourner dans la cour du collège où j’étais la cible des idiots sauf qu’au départ, je me défendais, ayant encore une meilleure amie pour m’appuyer. Puis lorsqu’elle s’est placée en barrière contre moi et non plus face à moi, j’ai arrêté la bataille. J’étire un sourire à sa référence sur les bisounours. Non, on ne gagne pas c’est certain. « donc soit tu gagne en répartie, soit tu gagne en force. Dans les deux cas, faut trouver le point faible, et faire mal. tu sais ces filles sont comme tout le monde, elles ont des secrets. Et ils sont mal cachés. » User des points faibles. Mon dieu, une chose que je déteste faire. Fouiner sur les personnes, trouver la faille et m’en servir avec les mots. J’en suis capable, j’ai une bonne répartie seulement, je ne la mets jamais au service d’une bataille. Je soupire, baissant le visage sur mon cheese-cake presque entièrement dévoré. « Il faut donc que je m’abaisse à leur niveau, répliqué par d’autres humiliations pour elle. Ce serait contre moi, contre ce que je suis d’être ainsi. Je n’aime pas fouiller dans la vie des gens pour connaître leur faille. Du moins, je préfère qu’on me les confie plutôt que de m’en servir pour blesser quelqu’un. » J’étire un pauvre sourire. « Oui, je sais. Ils se servent des miennes pour m’humilier et par moment, j’aimerais vraiment que ça cesse. Mais je ne fais rien non plus pour apaiser. Je pourrais prendre des légumes plutôt que des aliments gras, c’est comme mettre un panneau au-dessus de ma tête pour qu’elle vienne directement jouer à piñata avec moi. » Je bois une longue gorgée de mon soda, mettant la serviette en papier sur mon plateau. « Merci d’être venu m’aider. Et d’essayer de me donner des conseils pour me rebeller. Mais je crois que… je ne suis pas comme ça. » Je ramasse mon sac que je mets sur mon épaule avant de me lever, prenant mon plateau. « Merci encore JD, et si ce n’était que durant un repas, j’ai été contente de te rencontrer. » J’étire un sourire, affrontant son regard avant de tourner les talons pour débarrasser mon plateau et partir en cours.
Spoiler:
hj: voilà, pas d'idée pour une suite sinon, je vais me répéter donc... pour Gerbie c'est fini
Au moment même ou il lui proposa de rendre la pareille a ses filles, il le regretta. C'était un cas compliqué, cette Gertie. On ne pouvait pas se battre contre quelqu'un sans jouer a son propre jeu, il ne pouvait pas ne pas tolérer les moqueries ou rabais, et dire qu'elle devait en faire autant. Mais il fallait se battre a armes égales, cela dit. Comment leur faire comprendre qu'elle n'était pas une poupée que l'on peut torturer, sans rien faire en retour ? Si elle se moquaient d'elles, ça n'était pas mieux. Deux camps en guerre s'attaquent pourtant avec les mêmes armes... Mais dans la guerre, tout n'était pas question de violence. Il y avait aussi une part de stratégie. Ca serait peut-être en ça, que Gertie excellerait. Car il n'y avait nulle doute, elle était bien plus intelligente qu'elles. Sa réponse confirma cette pensée. Lorsqu'elle évoqua son alimentation, qui justifiait soit disant ces critiques, Damien roula des yeux. Ca, c'était stupide en revanche. Elle n'avait pas besoin de changer. Ou ce changement ne devait pas être motivé par ça. C'était pour elle, qu'elle devait le faire avant tout. Alors vous me direz : Facile a dire, mais c'est l’hôpital qui s'fout de la charité. Parce que JD n'a pas toujours été ce Damien là. Oui, c'est vrai. Mais son changement s'est fait de lui même. Il a commencé le sport, parce que ça le défoulait, parce qu'il canalisait sa haine, sa colère, son dégoût. Et son corps c'est transformé par la suite. Certes, dorénavant, il l'entretient, tout simplement parce qu'il n'a pas envie de revivre ça. Il n'a pas envie de revivre ce que Gertie subit au jour d'aujourd'hui. Il ne connaissait pas grand chose au monde féminin, mais il fréquentait suffisamment de femmes pour savoir que leur monde était une vrai jungle. C'était a celle qui serait la plus belle, la plus populaire, la plus sexy, la plus mince, la plus riche, celle qui avait le plus beau mec, etc. " Ca ne justifie pas leur comportement. Tu as le droit de manger ce que tu veux, Gertie. Et crois moi, tu ne veux pas devenir comme elles. " Alors oui, ces filles étaient pour la plupart attirantes, et après ? N'étant jamais tombé amoureux, JD n'avait pas la maturité dans ce sujet pour dire qu'à la longue, n'importe quel homme se lasserait de ce genre de nana là. Qu'à la longue ils préféraient une relation avec une fille plus banale, parce que la fille de leurs rêves n'existe pas. Mais il pouvait cependant s'en douter. Un simple repas en leur compagnie le barbait, alors toute une vie...
« Merci d’être venu m’aider. Et d’essayer de me donner des conseils pour me rebeller. Mais je crois que… je ne suis pas comme ça. » déclara-t-elle après avoir bu. Il haussa les sourcils, surprit. Alors quoi, elle allait abandonner ? Comme ça ? Sans rien tenter ? Non ! Voilà, ça l'agaçait. C'était injuste pour elle. Injuste qu'elle accepte, point final. Les gens qui se font agressé une fois sont sujet a une prochaine agression, parce que ça se voit dans leur yeux qu'ils ont peur, ça se lit dans leur attitude qu'ils sont effrayés. Ca serait pareil pour elle. Elle serait toujours Gertie, la fille de qui ont rit, si elle ne faisait rien.Que ça soit a la fac, ou même bien plus tard. Dans un bureau, par exemple, ses collègues trouveront un petit truc a dire, les amis de ses enfants, leurs parents. Les gens n'arrêtaient pas de se moquer des plus faibles, a partir d'un certain age. Sa voisine se mettra en valeur, en dénigrant Gertie peut-être ! Bon il voyait peut-être trop loin. elle devait se focaliser sur sa vie de maintenant. « Merci encore JD, et si ce n’était que durant un repas, j’ai été contente de te rencontrer. » Il lui retourna un sourire. " Idem.." fit-il simplement, accompagnant ce mot d'un geste de main, pour la saluer, alors qu'elle débarrassait son plateau. Après tout, il ne pouvait pas la forcer a être différente. Si se faire rabaisser était son truc, la définissait, il ne pouvait pas la changer. Au mieux, espérer qu'un jour, elle repenserait a cette discussion, et qu'elle prendrait les choses en mains. Fixant son plateau, il releva alors la tête presque brusquement, et jeta un regard pour voir si elle était toujours dans la zone de la cafétéria. La repérant, il se leva rapidement et avança vers elle pour l'intercepter avant qu'elle ne parte. " Hey !" fit-il en arrivant vers elle, posant une main amical sur son dos, et l'autre contre son bras, pour l'arrêter. " Juste une dernière chose. Y'a une citation qui m'est revenue, je sais plus qui dit ça mais c'est quelque chose comme : Lorsque tu traverse l'enfer, surtout ne t'arrête pas, continue d'avancer." Donc, hum. Laisse pas les autres t'enfermer, ou te renfermer, Ok ? Et si jamais t'as besoin, j'ai entrainement sur le stade quasiment tous les jours de la semaines qui finissent pas "i"." dit-il en lui souriant, avant de la laisser filer a ses cours, en lui souhaitant une bonne journée. D'ailleurs il devrait faire autant: vu l'heure. Il retourna chercher son plateau, et les Zeus de la table lui firent un signe pour qu'il approche. Il se posa quelque minutes auprès d'eux, le temps de finir sa mousse, distant. Notamment a cause des cheersleaders tout autour. Il entendit quelques vannes sur elle, encore. Sans rire, elle avait quel âge ? Pour des filles qui ne l'aimaient pas, Gertie semblait être un sujet de conversation des plus important. Terminant son dessert, il se releva et passa vers la fautive, lui susurrant a l'oreille, d'une façon qui la faisait sourire, voire glousser, avec cette main qui caressait son dos " Ca serait tellement dommage que la prochaine fois qu'on passe un moment ensemble, soit pour parler du fait que j'apprends que tu continue a la persécuter. Crois moi, t'as pas envie de me contrarier.." il posa un baiser sur sa joue, avant de se redresser, souriant en voyant qu'elle avait totalement perdu son coté suffisant, et fit un signe au reste de la tablée, retournant a sa chambre pour chercher ses affaires. Toute guerre avait des alliés, non ?
