« La naissance est une guillotine. »

Problèmes mentaux. C’est ce que les médecins ont dit quand ils sont venus prendre sa mère un après-midi après ce qu’elle ait tenté de mettre fin à sa vie et à celle de sa famille en les enfermant tous et en mettant le feu aux rideaux. Triste vision de la figure maternelle pour le jeune Mael alors âgé de 3 ans. Cela s’est passé dans une banlieue chic de Los Angeles, son père, brave irlandais buveur de bière ayant été muté là-bas peu après la naissance de son fils. Abandonnant le soleil californien, il préféra partir loin de toute cette atmosphère malsaine pour son fils. Combien de fois avait-on demandé à son enfant ce que cela faisait d’avoir une psychopathe comme mère ? L’enfant ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait et le père demanda le divorce avant de s’en aller pour New York. Il engagea une jeune femme pour s’occuper de son fils, lui-même était très occupé par son travail. Une belle osmose se forma entre la femme et l’enfant, il l’adorait littéralement. Il oubliait doucement le visage de sa propre mère, visage déformé par la rage. Alice, sa baby-sitter, se rapprocha aussi indéniablement de son père et ils finirent par s’aimer et se marier quand l’enfant eut 8 ans.

« L'enfance est un voyage oublié. »

Grandir. Voilà ce qu’il voulait le plus rapidement possible. Grandir et devenir fort pour protéger Mary, son amie à l’école. Mary, c’était la petite fille timide qui n’avait pas beaucoup d’amies, car elle préférait rester dans ses livres au lieu de s’amuser avec les autres. Mael n’était pas un grand lecteur à cet âge-là, il préférait vivre ses aventures plutôt que lire celle des autres. Il avait 10 ans. Mais Mary était différente, elle était plus intelligente et savait tellement de choses. Elle était un véritable mystère pour lui et il comprit ce jour-là le sens de surdoué. Elle en était une et il était son seul ami, utilisant sa force de garçon pour protéger son intelligence. Alice tomba enceinte à ce moment-là et Mael apprit qu’il allait avoir une petite sœur ou un petit frère. Douce euphorie qui s’envole avec le temps. Alice s’occupa moins de lui et il remarqua un changement, une nouvelle famille se formait autour de lui, mais il n’avait pas sa place. Non pas qu’il fut rejeté, mais il voyait bien que le tableau parfait de son père et d’Alice se noircissait quand il rentrait dedans. L’école primaire était finie, son père comptait le mettre dans une très bonne école privée, il ne reverra jamais plus Mary, mais de toute façon, celle-ci quittait la ville pour aller dans une école spécialisée pour elle. Il ne la revit jamais.

« Le rêve est nécessaire quand s'achève à jamais le temps de l'adolescence »

Nouvelle école, nouveaux amis. Mael demanda à être interne pour être plus proche de l’école, mais ce fut compliqué, Alice refusait que le jeune garçon s’en aille aussi jeune de la maison. Mais il finit par avoir ce qu’il voulait. Sa scolarité se fit sans encombre, il commença à s’intéresser aux filles et bizarrement, les filles seules, plongées dans leurs bouquins et intello sur les bords étaient celle qui avait le plus d’attrait pour ses yeux. Il n’avait que faire de la futur pompom girl en jupette et autre créature à la plastique irréprochable sans rien dans le cerveau. Il connut aussi la crise d’adolescence et combien de fois son père avait dû venir à l’école pour régler les soucis que son fils se créait ? Mael ne les comptait plus, il y en avait trop. La sensation de liberté après l’enfance avait un goût plutôt doux dans la bouche du jeune homme et il se perdit lui aussi dans les livres quand une de ses conquêtes arriva à le convaincre de lire Othello de Shakespeare. Mais un élément marquant vint perturber sa vie, sa petite sœur Margot venait d’être admise à l’hôpital à cause de soucis de santé plutôt grave. Son jeune cerveau ne s’était pas développé comme il fallait et elle avait des troubles moteurs et mentaux. Une sorte de dégénérescence des cellules qui entrainait des réactions plus qu’étranges. Des organes refusaient de fonctionner correctement et là, son cœur avait reçu l’ordre de s’arrêter d’un coup. Les médecins la sauvèrent, mais il n’y avait aucun moyen de la guérir, c’était une maladie méconnue et le jeune garçon se promit de devenir médecin pour la sauver. Il mit de côté ses bêtises et se consacra corps et âme dans ses études. L’entrée dans un bon lycée était un bon point pour ses ambitions et il ne les lâcha pas, refusant de laisser sa sœur dans cet état.

« L'amour est aveugle. »

Le lycée, période importante pour beaucoup, expérience pour certains. Et des expériences, il en fit. Margot était sortie de l’hôpital, les médecins avaient réussi à endormir la maladie, mais elle était encore là, pouvant frapper à tout moment. La jeune fille retrouva peu à peu ses facultés mentales, mais elle ne put marcher. Il se rapprocha d’elle pour l’aider du mieux qu’il pouvait et quitta l’internat pour retourner chez lui. Cela ravit ses parents, mais il ne se sentait pas chez lui. Cependant, il lâcha un peu de lest, ses notes étaient plutôt bonnes et il se mit à voir du monde. Toute sorte de monde. Des fréquentables comme des infréquentables. Mais c’était sans compter sur sa présence à lui. Mael n’avait aucune expérience avec les hommes, il n’aimait pas cela et était à la limite de l’homophobie, trouvant cela malsain. Mais il le rencontra. Ou du moins, il la rencontra, pensait-il. Une blonde, cheveux longs, yeux bleus électriques et un corps à damner un saint. La taille fine, plutôt grande, mais moins que lui, et des lèvres rosées qui semblaient quémander doucement des baisers à chacune de ses paroles. C’était dans un bar, Mael avait un peu bu, il se sentait bien et elle entra comme un démon entre dans votre vie, bousculant toutes vos convictions. Ils discutèrent un long moment, s’échangeant des regards langoureux avant de finalement partager un baiser. Il la désirait, il savait que c’est elle qu’il voulait dans sa vie à l’instant même. Ce qu’il se passa ensuite ? Le trou noir jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux et se retrouve dans un lit inconnu, en boxer dans les bras d’une douce masse. Il leva doucement la tête pour voir le visage de sa douce amie. Il ne put s’empêcher de se rapprocher d’elle et deux détails le choquèrent. La belle n’avait pas de seins et sa jambe toucha une bosse un peu plus bas et ce contact fit gémir doucement la jeune femme qui se trouva être un jeune homme. Il repoussa l’inconnu, il tomba sur le sol, se réveillant en sursaut.

« Mael ? Qu’est ce qu’il se passe ? »
« TU ES UN MEC ! J’AI BAISÉ AVEC UN MEC ! »

Ses paroles blessèrent le jeune homme qui vira au rouge, insulté. Une dispute se déclencha, des mots blessants furent échangés et le jeune homme vira Mael de chez lui, les larmes aux yeux en lui criant :

« On n’a rien fait, tu étais trop bourré pour faire quoi que ce soit ! Tire-toi, connard ! »

Mael se retrouva en caleçon sur le palier et toqua pour avoir ses vêtements quand même et le blond lui balança dans la tronche avant de refermer de nouveau la fenêtre. Une vieille femme ouvrit la porte de sa maison et ils se regardèrent tous les deux, Mael en boxer avec ses vêtements à ses pieds et elle, étonnée de voir un tel apollon sur le palier. Elle eut un petit gloussement et referma la porte sur un Mael mort de honte. Il s’habilla et se barra rapidement, sans demander son reste, le visage du blond les larmes aux yeux dans sa tête. Il passa des semaines à éviter son bar favori, ne voulant pas croiser le blond, mais finit par y retourner, ses amis ayant organiser une petite soirée. Il passa sa soirée au comptoir, ne voulant pas se mêler à la foule. Il avait aussi le secret espoir de voir un visage connu, un visage qui le hantait. Visage qu’il vit à l’autre bout du comptoir, assis devant un verre vide, tête baissée à attendre. Mael rougit un peu en repensant à la scène et il demanda au barman de servir un verre au jeune homme blond de sa part. Claus, le blondinet, fut surpris et leva la tête pour tomber sur un Mael rougissant encore plus, plongeant son nez dans son propre verre et détournant la tête. Claus eut un petit sourire amusé et décida de se lever pour aller s’assoir proche de lui.

« Alors ? Je ne suis plus le sale PD? »
« Je pensais que j’étais qu’un connard prétentieux ? »
« Oh, mais tu l’es mon cher. »

Mael voulut s’offusquer, mais le rire du jeune homme l’en dissuada, que son rire lui avait manqué. Il prit son courage à deux mains et il lui dit :

« Je… Je suis désolé. Je… »
« Tu as encore trop bu ? »
« Non ! Cette fois, je suis sérieux. J’ai été un con de te traiter comme ça. Après tout, c’est moi qui t’ai dragué. »

Claus se remit à rire et passa un de ses doigts sur le dos de la main du brun qui rougit un peu plus, mais ne la bougea pas pour autant. Une pulsion commanda son cerveau et il passa sa main dans la tignasse dorée devant lui. Il l’approcha doucement afin de déposer un doux baiser sur ses lèvres. Un vrai baiser fut échangé et cette fois encore, ils se retrouvèrent dans l’appartement du jeune allemand. Ce qui se passa ensuite est un secret entre les deux, mais ce ne fut que bruissement de tissus et gémissement de plaisir, la première expérience homosexuelle de Mael lui apparut comme un véritable délice. Était-il homo pour autant ? Non, il aimait le toucher d’une belle poitrine, mais faire l’amour à un homme ne lui paraissait plus aussi dégoutant, en ayant pris gout. Mais Claus devait repartir, il n’était qu’en stage et les deux savaient que ça ne resterait qu’une aventure.

« Le malade gémit au début de la maladie, et le médecin à la fin. »

L’entrée à l’université lui parut facile, il avait les notes pour et les examens d’entrée n’étaient pas si compliqués si on avait le niveau. Il alla en médecine, comme il avait prévu et il entra dans une confrérie. Il avait besoin de se sentir avec des gens, d’avoir des amis et de partager du temps avec des gens ayant les mêmes ambitions que lui. La santé de Margot était plutôt stable et Mael travailla dur pour ses études, ne voulant pas abandonner sa petite sœur. C’est l’année de ses 20 ans qu’il reçut des nouvelles de sa vraie mère. Une jeune femme l’approcha pour lui parler d’elle. Lui disant qu’elle était sa sœur. Elle venait d’avoir 18 ans et lui apprit qu’elle était née dans l’hôpital psychiatrique où celle-ci avait été enfermée. Elle avait été adoptée par une famille modeste et cherchait depuis longtemps à retrouver les siens. Mael refusa d’y croire et elle réussit à le convaincre de faire des tests ADN, ils étaient bel et bien frère et sœur. Le père ne voulut cependant pas en entendre parler et refusa de la reconnaitre comme sa fille. Elle s’installa dans un quartier modeste et commença ses études dans la même université que son frère, mais dans une unité artistique. Mael l’aider à se trouver un travail à côté et elle fut engagée dans le même magasin que lui, il voulait se faire de l’argent lui aussi, ne voulant pas compter forcément sur papa et maman. Tout allait pour le mieux et Mael a maintenant 24 ans. Il a commencé sa 6ème année de médecine, mais depuis peu, il ne se sent pas très bien. Il pense être un peu malade, mais cela dure depuis plusieurs mois et les médecins ne trouvent pas ce que cela peut être. Comme il ne fait que tousser un peu et a de la fièvre quand il se réveille le matin, il n’y prête pas vraiment attention. Il est encore debout, c’est qu’il n’est pas à l’article de la mort. Cependant, l’année risque bien d’être mouvementée.