"Hum Hum... Je suis vraiment obligée de faire ça ? Ok... Et je commence par quoi ? Mon nom, effectivement, ça me paraît judicieux...
Bon bah... Salut! Moi c'est Vic, ou Vicky, ou Rello, au choix. J'ai une petite préférence pour Rello, ça fait gangter! Mais c'est vous qui voyez.
Bon, de manière plus officielle, on a écrit sur ma carte d'identité: Victoria Jane Morello. Comme si un seul nom ne suffisait pas.
Victoria, c'était une idée de mon père, apparemment. Il a toujours été fan de tout ce qui touche à la monarchie anglaise, et selon lui, la Reine Victoria a gouverné le Royaume-Uni pendant 63 trois ans et sept mois, et a donné son nom à la "période victorienne" au cours de laquelle l'empire britannique a connu de grands changements sociaux, économiques,technologiques et blablabla... Le reste vous le trouverez sur Wikipédia.
Jane, c'était le prénom de ma mère, que je n'ai jamais vraiment connue puisqu'elle est décédée d'une overdose à peine un an après m'avoir mise au monde. Je suis ce qu'on appelle un accident de parcours. Autrement dit, mes parents n'avaient que 21 et 23 ans lorsqu'ils se sont connus, et je n'étais pas vraiment au programme. A l'époque, Jane était un mannequin anglais qui avait le vent en poupe, et qui était souvent de passage à New York, lorsqu'elle défilait pour les plus grandes marques de créateurs. C'est là qu'elle a rencontré Sandro, qui était le bras droit du directeur d'un cabinet comptable de renom, qui n'était autre que son propre père. Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils avaient de l'argent, et le monde à leurs pieds. Ils vivaient à cent à l'heure et consommaient la vie à une allure démesurée, abusant de tous les bons plaisirs que la jeunesse dorée de La Pomme leur offrait. Quand Jane est tombée enceinte, je crois qu'ils ont pris ça comme un jeu. C'est d'ailleurs un miracle que le petit embryon que j'étais ai réussi à évoluer dans un milieu aussi hostile. Mais la belle starlette s'est vite éteinte, et Sandro s'est retrouvé seul, avec un bébé sur les bras, à seulement 25 ans, alors que sa carrière allait décoller. Il m'a donc envoyée chez sa mère, à Milan, en Italie, où j'ai vécu pendant 18 ans. Sylvia était une femme de caractère, qui ne s'était jamais plu aux Etats-Unis, et avait préféré rester sur se terre natale, et laisser son mari gérer son business seul. Je n'ai pas été malheureuse, loin de là. Ma grand-mère valait tous les parents du monde, et je n'ai jamais manqué de rien.
Après avoir passé mes examens, j'ai décidé de voyager un peu, et suis partie faire mes études en France, puis en Angleterre.
C'est là que vous vous demandez comment j'ai atterri à New York ? Je vous explique.
Mon père, qui me rendait visite régulièrement, où que je sois, m'a proposé de venir fêter mes 21 ans chez lui, à Manhattan. Je n'y avais jamais remis les pieds depuis ma naissance, autant dire que je n'en gardais absolument aucun souvenir, et comme j'avais envie devoir le monde, j'ai accepté.
La suite est bien simple: je suis tombée amoureuse de New-York. J'avais déjà Milan, Rome, Paris, Londres... alors pourquoi?
Si mes parents étaient tous deux issus de cultures européennes différentes, j'étais née aux Etats-Unis, et je crois que j'ai toujours eu cette petite part d'Amérique en moi.
Ça fait donc un peu plus de 2 ans que je joue les New-Yorkaises et vogue entre les murs de mon appartement de l'Upper East Side, ceux de la Great Academy où je poursuis mes études, et de la petite librairie de Brooklyn où je travaille lorsque mon emploi du temps me le permet.
Ça va quand même faire un bon moment que je parle, que je parle, et je crois qu'au final, je n'ai pas vraiment répondu à la question. Si ?
Parce qu'au final, "Qui êtes-vous?", c'est quand même vachement large, comme question.
Ce qu'on va faire, c'est que je vais vous dire quelques trucs en vrac, comme ça, à savoir sur moi, et après, je me tais. Ça vous va?
Bon.
D'abord, sachez que depuis que je vis ici, je n'ai jamais autant aimé fêter mon anniversaire. Etre née le jour de la fête nationale, c'est la bringue assurée à chaque fois! Et j'en garde toujours un souvenir dément. Tenez, l'an dernier par exemple, j'ai fait la tournée des bars des environs de Times Square sans descendre ne serait-ce qu'une petite minute des épaules d'un de ces hommes en slip qui chantent sur la place avec leur chapeau de cow-boys. J'en ai croisé un ce soir là, et en apprenant que c'était mon anniversaire, il a promis d'être ma monture jusqu'au lendemain matin 5h00. Je ne sais pas si lui s'en souviens, mais moi ici, ce qui est plutôt miraculeux vu l'état dans lequel je me trouvais lorsqu'il m'a finalement reposée par terre. Oui, j'aime faire la fête.
Si j'aime ce que je fais ?
Je ne saurais le dire. Les Sciences Po', le Droit, l'Economie... Ça fait bien, ça fait intelligent. Mais ce n'est pas passionnant tous les jours.
Seulement, allez dire ça à un père qui ne jure que par ce lexique et ce vocabulaire tout au long de la journée...
J'adore manger. Parfois, quand je suis victime d'insomnies, je me fais des orgies de bouffe. Du saucisson au Nutella, tout y passe. Oui, je sais, c'est dégueulasse. Et en plus, je reste mince. Pas juste? Mais la vie est injuste les gars !
Pour me vider la tête, j'aime faire du sport. Je fais de la natation depuis mes 7 ans, et du ju-jitsu depuis un peu plus de 5 ans. C'est mon côté garçon manqué, parait-il. Et puis, sortir ça à un mec un peu trop collant en soirée, ça marche toujours.
Je fume. Beaucoup. Jamais sans ma nicotine, sinon, la journée est fichue.
Il m'arrive de tâter le pilon, mais avec modération. La drogue n'est pas une réussite dans ma famille...
Je peux être très grossière, surtout quand j'ai un coup dans le nez.
Je suis franche et ne mâche pas mes mots. Si tu me fais chier, tu le sauras bien vite.
Il n'y a qu'avec mon père que je tempère ma sincérité.
Je m'attache vite, en amour comme en amitié. La différence réside dans le fait que si vous avez une paire de couilles entre les jambes, il vous faudra détecter les signes et décrypter mon langage codé à la loupe, parce que je ne le montre que très rarement.
En dehors de ça, si vous gagnez ma confiance,je ne vous laisserai jamais tomber.
Je n'aime pas me coiffer. La brosse est mon ennemie. La liberté aux noeuds !
J'aime qu'on me regarde, j'aime attirer l'attention. J'aime croire que je suis spéciale.
Je déteste qu'on me qualifie de gosse de riche. J'assume mon statut social, mais je ne crie pas sur les toits que je suis "la fille de". J'ai besoin de faire mes preuves par moi-même.
Vous avez pris des notes?
Bien.
Je peux y aller maintenant ?"
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