Tu es né dans une famille des plus normales.  Ton père était officier de patrouille et ta mère infirmière, un gros cliché américain comme tu les aimes.  Tu as un grand frère et deux petites soeurs que tu aimes plus que tout.  Très jeune, tu as déménagé avec ta famille à New York. Enfant, ton frère s'amusait à te taper dessus, vous vous battiez souvent pour un grain de sel et ta mère a bien vite trouvé une solution à ce problème.  Elle a décidé de t'envoyer chez ta grand-mère durant quelques semaines pour te faire changer d'air.  Tu l'as détesté pour ça.  Tu ne connaissais pas beaucoup cette vieille qui te mouillait les joues avec ses bisous baveux et tu ne voulais pas la connaître.  Du haut de tes six ans, tu lui tenais tête en lui disant qu'elle n'était pas ta mère et qu'elle n'avait pas le droit de te donner des ordres.  Tu avais déjà un sale caractère, faut se l'avouer non? Ta grand-mère ne pouvait plus t'endurer. Tu courais partout dans la maison en gueulant à tue-tête, tu refusais de faire tes siestes et tu t'amusais à la réveiller à des heures pas possibles. Finalement, elle décide de te renvoyer chez toi. C'était soit le renvoi, soit tu la faisais mourir d'un ACV, t'as eu le choix. Tu es retourné chez toi, un énorme sourire aux lèvres et tu as couru dans les bras de ta mère qui t'as repoussé pour te gronder. Tu as pleuré comme un gros bébé pendant plusieurs minutes avant de te sauver dans ta chambre, honteux. Par la suite, tu as décidé d'être gentil avec ta mère, mais ton frère continuait de te faire chier. Un jour, tu en as eu assez et tu lui as fracassé la tête sur le côté du lit. Il s'est mit à pisser le sang partout dans la chambre et il s'est sauvé en courant aux toilettes. Toi, tu étais plié en quatre, tu as avais huit ans et tu avais foutu une raclée à ton grand frère, tu te sentais très très cool. Tu t'es encore fais grondé par ta mère, pas de sortie pendant un mois. Tu voulais mourir, c'était comme si on disait à un prisonnier qu'il allait purger une sentence à mort. Enfermé dans ta chambre, tu as mémorié le nombre exacte de planches de bois qui recouvrait ton plancher.

Tu étais un enfant turbulent et peut-être un peu trop idiot, mais tu as adoré ton enfance. À l'école, tu étais un enfant normal, tu allais souvent voir le principal à la grande déception de tes parents. On aurait quasiment pu te donner tes cours dans son bureau tellement tu y étais souvent. Au lycée, tu étais l'enfant rebelle dont toutes les filles rêvaient. Tu te promenais dans les corridors, la tête haute et tu t'amusais à chauffer quelques filles seulement pour le plaisir entre leurs jambes. Tu étais un gros dragueur populaire et t'avais même intégré l'équipe de football de ton lycée en tant que quaterback. La vie te souriait et tes parents te maudissait pour être aussi tête en l'air ainsi que casse-cou. À tes seize ans, tu as décidé d'aller chercher illico-presto ton permis de conduire afin de pouvoir te mettre derrière le volant de la voiture de ton père. Tu obtiens facilement ta licence et tes nuits à faire le mur pour aller fêter avec tes potes se sont multipliées. Tu croyais avoir le monde à tes pieds, tu croyais pouvoir tout réussir et entreprendre tout ce dont tu pouvais bien rêver. Mais ton père décède. Tu ne t'y attendais pas et cette nouvelle t'as complètement chamboulé. Tu termines tout de même tes études, pour lui, pour sa mémoire, mais tu ignores ce que tu vas faire de ton avenir et cette pensée t'effraies.

Finalement, tu as arrêté tes études après le lycée. Tu as fini par te renfermer, mais pas trop. Tu continuais d'aller fêter, mais tu ne te dévoilais pas complètement comme tu le faisais sur les bancs d'école. Tu te gardais une petite gêne sur quelques conneries que tu aurais pu faire. Ayant besoin d'argent, tu te cherches rapidement un boulot pour arrondir les fins de mois. Ta mère te donnait un peu d'argent pour t'aider, mais ce n'était pas assez. Tu voulais lui prouver que toi aussi tu pouvais vivre ta vie seul. Tu décroches un boulot comme stripteaseur dans un bar pour gays. Au début, ta mère a failli mourir d'un arrêt cardiaque parce qu'elle croyait que tu étais gay, mais tu l'as rassuré. Il n'y a pas plus hétéro que toi sur cette planète. Elle a fini par accepter ton choix de carrière et tu t'es lancé dans le monde du striptease. Le boulot paie bien et tu es heureux de pouvoir vivre ta vie. Plusieurs pourraient penser que tu fais un boulot de merde, mais tu adores ça. Tu as toujours adoré avoir l'attention sur toi et ce boulot t'offrait ce que tu désirais.

Et puis après tout, qui peut juger la vie d'un autre?
T'aimes ta vie et t'emmerdes ceux qui te critiquent.