Louve ○ Chad

Ce jour-là, je m’étais accordé une pause fantasque dans les photos que je devais prendre pour une commande. J’avais les modèles sous la main et je n’avais qu’à allonger quelques billets pour qu’ils pausent pour moi. Lorsque j’étais dans mon monde, comme ça, à prendre des photos, plus rien ne comptait pas même mes amis ou ma famille, je ne pensais qu’à une chose, les personnes ou choses que je prenais en photo. C’était une capacité assez déconcertante et parfois effrayante pour certains de mes proches, mais ils le savaient. Elsa avait tellement été dans son rôle que je lui avais fait faire ce que je voulais, jusqu’à éventrer les oreillers en plumes d’oie comme une bête sauvage sur une proie. J’aurais aimé que les choses soient encore plus poussées, plus trash, plus sanglante. J’avais besoin de voir du rouge sous mon objectif, mais je ne devais pas me laisser aller dans mes travers. Ce sera pour une prochaine séance. Et puis, il y avait Louve, la jeune étudiante qui m’avait presque harcelé pour que l’accepte en tant qu’assistante. En quelque sorte, elle était mon assistante pour un temps, afin qu’elle entrevoie par elle-même la boulot d’un photographe. Et bien que nous n’avions pas du tout  les mêmes orientations artistiques, elle semblait apprécier l’exploration d’un autre côté de la photo. Je rangeais mon matériel, lorsque je fus frappé par un objet duveteux. « Il est temps pour nous de s'amuser un peu, Maître. » Le rire cristallin de la jeune « apollon » résonna dans mon appartement et ma contre-attaque ne se fit pas attendre. Un peu de déconne ne pouvait pas nous faire de mal après quelques heures à se concentrer. J’attrapais un cousin sur la pile bondissant sur mon sofa pour lui lancer mon offensive dans les jambes. Elle se défendit, m’envoyant avec force son bouclier en plume dans le visage. Une bataille de polochon, j’avais l’impression de remonter des années en arrière avec mon frère Milo lorsqu’on se battait en pleine nuit avec nos oreillers. Nos rires envahirent rapidement la pièce, elle fuit de nouveau vers mon studio de photo pour se sauver et tenta même de s’enfermer dans celui-ci. Je plaçais mon pied dans la porte poussant de toutes mes forces. J’aurais dû voir le coup venir, mais non…la porte s’ouvrit d’un coup et je tombais à plat ventre dans le tas de plume qui jonchait le sol. Crachant des plumes, je la regardais, la montrant d’un doigt menaçant. « Tu sais que tu vas le regretter, Louve ?! »