Trey ○ Kandiss

« Maman !! On va être en retard ! » J’enfile un pantalon noir en quatrième vitesse, on est retard pour l’école, maudis soit ce réveil qui n’a pas sonné. « J’arrive ! j’arrive ! » Je ne prends même pas le temps de me peigner que je rejoins Eliott à l’entrée, attrapant mon sac à main et nous filons à l’école. Eliott me presse le pas pour qu’on arrive le moins en retard possible, mais il nous reste encore 15 minutes de marche et il est presque déjà l’heure qu’il rentre dans la classe. Je vais encore passer pour une mère irresponsable par la directrice, deux retards en moins d’une semaine. Je sais que je devrais abattre mon réveil pour en acheter un autre, mais par manque de temps et d’argent, je me contente de ce que j’ai, mon portable ne faisant même pas sonnerie. J’embrasse Eliott devant la grille qui s’ouvre, rien que pour nous, le regard désapprobateur de la surveillante. Je fais un signe en murmurant un « navrée ». De mon côté, il ne me reste plus que 40 minutes pour atteindre le centre de Manhattan à pied pour ne pas être en retard à mon rendez-vous à la clinique. Non, je ne suis pas malade, j’ai juste besoin de parler à quelqu’un, j’ai désespérément besoin de conseils, surtout depuis ma nuit avec Trey et les choses que cela a révélées en moi.  J’arrive en retard de cinq minutes, mais heureusement, on n’a pas encore appelé mon nom. La secrétaire vient me voir, me tentant un formulaire à remplir pour le docteur Cooper. Situation familiale, adresse, ect…des informations classiques qui ne seront pas vraiment utiles puisque je ne compte pas vraiment revenir souvent. La porte sur ma droite s’ouvre et je vois apparaitre une femme toujours d’une grande beauté, brune, des yeux bleus pétillants et qui me fixe comme si elle venait de voir un revenant. Je me lève, emportant avec moi, mon formulaire. Un sourire franc sur les lèvres, je la salue, lui tendant ma main. « Bonjour, Docteur Cooper » Elle ne dit pas un mot, en professionnelle, elle m’indique la porte de son bureau et j’y entre. Ce que j’aime chez les psychologues, c’est qu’on a toujours l’impression d’être seule. Personne dans la salle d’attente, un accueil chaleureux, comme si nous étions les choses les plus importantes qui soient. Oui, en effet, ce n’est pas la première fois que je viens chez un psy. J’ai eu besoin, après la naissance d’Eliott et un peu avant d’ailleurs, de me confier sur mes soucis. Aujourd’hui, je ne viens pas vraiment pour ça, mais plus pour chercher une aide, que je sais précieuse, de la mère de Trey. Je m’assois devant son bureau ne voulant pas m’allonger sur le divan, je ne suis pas là pour une psychothérapie, même si elle l’ignore encore. « Et bien, Kandiss, enfin Mlle Makinen, si je m’attendais à te revoir ? » Je lui souris aimablement, posant mon sac sur le côté de ma chaise et gardant précieusement le formulaire contre moi. « En effet, cela fait pas mal d’années, Tess…enfin pardon, Docteur Cooper. Pour tout dire, je suis venue voir le docteur, mais pas que cela » Elle sembla intriguée, mais en grande professionnelle, elle m’interrogea sur ma venue dans son cabinet. « Et bien, voilà. Je suis de retour sur New York depuis quelques mois maintenant et il s’avère que j’ai revu le garçon que j’aimais avant de quitter la ville. Vous savez bien, comment c’est passé mon départ et je me dois, pour libérer ma conscience de vous expliquer les véritables raisons qui m’y ont forcée » Tess m’encouragea à poursuivre d’un simple regard sans jamais me couper dans ce que je disais. « Alors voilà…Il y a un peu plus de neuf ans, je suis partie précipitamment, en mentant aux personnes qui m’aimaient et qui me faisaient confiance. J’ai conscience maintenant que cela n’a pas été la meilleure chose à faire, mais je l’ai fait en pensant au bien-être de ce garçon que vous connaissez bien. Nous étions jeunes et il avait des rêves, plus grands que les miens, son ambition en pouvait être entaché par ce qui allait m’arriver » Je marquais une pause, je sentais bien que Tess était suspendue à mes lèvres, sans doute plus qu’elle ne l’aurait été si elle n’était pas directement impliquée en tant que mère. « Mais avant de tout vous dire, je voudrais vous parler de mon retour et de ma rencontre avec ce garçon, qui est devenu un homme, comme moi une femme. Voyez vous, je pensais sincèrement ne plus jamais le recroiser, bien que mon cœur l’attendait lui. J’ai toujours des sentiments très forts pour ce jeune homme et je pense qu’il doit en avoir aussi, vu notre manière de nous être…revue et raccroché. Seulement, il a voulu savoir pourquoi j’étais partie, il y a neuf ans et je lui ai donné une version erronée de la vérité. Je m’en veux beaucoup, mais j’avais peur de lui avoué les véritables motivations de mon départ et plus encore, ce n’était pas le moment, car ce que j’ai à lui dire est vraiment, très important et changera sa vie à jamais » Elle s’avança sur son bureau m’encourageant à poursuivre une nouvelle fois. « Je lui ai dit que j’avais été très malade, une très grave maladie où j’ai failli perdre la vie, mais en réalité… » Je me penchais sortant de mon sac à main une photo d’Eliott et de moi récente. Je la déposais sur le bureau. « Je suis partie, parce que j’étais enceinte de lui et que je ne désirais pas gâcher toute sa vie par une simple erreur de jeunesse » Tess s’empara fébrile de la photographie, je pouvais voir son cœur battre plus fort, l’étonnement sur son visage et la résignation face à la ressemblance d’Eliott et de Trey. « Je sais que j’ai commis pas mal d’erreurs, mais je suis ici, parce que je veux tenter de réparer ma plus grosse erreur, seulement, je crains la réaction de Trey… » Elle redressa son visage, c’était la première fois que je prononçais son prénom. « Et celle de sa famille qui a été pour moi, une seconde famille et qui je l’espère, sans aucune obligation bien sûr, deviendra aussi celle d’Eliott, mon fils… » Elle avala sa salive, s’adossant à son siège la photo toujours dans sa main. « J’ai besoin de conseil de la psy, mais surtout de la mère que vous êtes Tess. Mais je ne veux forcer personne à reconnaitre cet enfant, mais je pense, j’en suis certaine qu’il faut qu’Eliott connaisse son père, mais surtout que Trey l’apprenne aussi » Pendant presque une heure, Tess me parla me conseilla avant de sortir de son cabinet. Elle me raccompagna à la porte, sous le regard surpris de son assistante, car elle ne devait jamais le faire. « Kandiss…est ce que je pourrais…le voir… » J’eus un sourire plus que soulagé. « Je vais le chercher vers trois heures cet après-midi, je serais très heureuse que vous veniez avec moi » Elle me serra dans ses bras avant de me laisser gagner la rue. Je venais de franchir la première étape, maintenant, je ne pouvais plus reculer. Mais c’était la prochaine étape qui me faisait peur. L’annoncer à Trey. Le reste de la journée passa rapidement, avant que Tess ne me rejoigne vers 14h30 sur Brooklyn. Eliott arriva comme à son habitude, et poliment adressa un bonjour à Tess, lui demandant qui elle était. Je fis les présentations et la joie se lu dans le regard de mon petit bonhomme, qui trop heureux d’avoir enfin une famille, se jeta presque dans les bras de sa grand-mère. Une petite pointe de jalousie, abima mon cœur de mère célibataire et exclusive, je savais que le partager serait dur et j’allais passer outre rapidement, je le savais. Tess souhaita passer la soirée avec nous et je ne refusais pas, même si j’eus honte de lui montrer mon petit appartement, car si je me souvenais bien, leur maison était magnifique comparé à ce que moi j’offrais à Eliott. Nous parlâmes beaucoup avant que je n’aille coucher Eliott. Elle m’encouragea à parler à Trey et je lui promis que je le ferais dès le lendemain soir. Je n’avais toujours pas rompu avec Stefan ne voulant pas le faire par téléphone et attendant qu’il vienne sur New York pour le lui dire. Je me sentais mal de l’avoir trompé, mais en même temps, il ne méritait que ça. Eliott était sur le canapé à regarder son film préféré, Pirates des Caraïbes. Je m’assis près de lui, volant dans son paquet de chips. « Je dois sortir, Jess va venir te garder » Il tourna son beau visage vers moi. « Tu vas voir Stefan ? » Je lui ébouriffais les cheveux avant de l’attirer vers moi. « Non, je vais voir un vieil ami…non, c’est faux. Je ne veux pas te mentir, ok. Mais je ne veux pas que t’emballes, ok. Je vais aller parler à ton papa. » Il se redressa l’espoir et l’impatience mêlés. « C’est vrai !? » J’eus un sourire, touchée par cette envie en lui de voir enfin son papa, alors qu’il m’en parlait si souvent. « Oui, disons que comme, je te l’ais déjà dit, ton père ne sait pas que tu existes, j’en ai parlé à ta grand-mère et maintenant, il est temps de le dire à ton père. Seulement, ce n’est pas évident et j’ai peur qu’il n’accepte pas tout de suite, tu vois. Alors, je ne veux pas que tu te sentes rejeté, car s’il est en colère, ce sera contre moi et pas contre toi, ok » Il hocha de tête et déjà je voyais sa déception sur ses traits. J’embrassais son front, prenant son visage en coupe. « Je suis certaine qu’il va t’aimer, ok ?! Alors pas d’inquiétude et bientôt, je le sais, tu vas enfin pouvoir le rencontrer. Il faut que j’y aille, je lui ai dit que j’arrivais » Eliott me serra contre lui avant que je parte et que Jess n’entre. J’avais le cœur serré et oppressé ne sachant pas comment allait se dérouler tout cela. Je sortis mon portable pour écrire à Trey que j’étais au coin de la rue. Il se trouvait dans un café vers Little Italy et je n’eus aucun mal à le trouver. J’entrais, un sourire aux lèvres et heureuse de pouvoir recroiser ses yeux vert, mais je perdis rapidement mon signe de joie, lorsque j’aperçus une fille en sa compagnie, bouches collées l’une à l’autre. Une coulée froide glissa du haut vers le bas de ma colonne et je dus retenir ma déception, qui pourtant devait se lire sur mon visage. J’allais vers eux, me raclant la gorge pour faire remarquer ma présence. « Bonsoir ! » Je ne m’assaillais pas, à vrai dire, je n’avais même plus envie de lui parler, je voulais juste en foutre une à la fille et me barrer. « Je dérange, je devrais peut-être…revenir lorsque tu ne seras plus occupé à fourrer ta langue dans sa bouche ! »

KANDISS & TREY

Soirée de merde. Je frappe dans le volant de ma voiture pour calmer l’énervement qui grimpe en moi. Putain ! Panne d’essence en revenant du New Jersey, tout ça pour raccompagner une fille par « galanterie » on va dire, et me voilà sous une pluie diluvienne sur le bord de la route, en rade. Et en plus, je ne capte pas dans ce coin paumé. Je déteste le New Jersey, putain. Je remonte le col de ma veste en cuir, même si ça ne sert à rien et j’affronte la colère du ciel pour aller me trouver un abri et quelques barres sur mon téléphone. Dieu merci, le caleçon presque trempé, j’arrive enfin à me foutre sous un abri de bus avec une barre. Ma grande, si tu te barres, je te jure que je te déglingue. J’appelle mon oncle, il ne décroche pas. MERDE. Je rage, serrant le téléphone dans mon poing avant de sentir la vibration. Il rappelle, merci. « Ouais ! J’suis en panne sur la route, tu peux venir me chercher ?! » Il se marre l’enfoiré, mais je me vengerais. Je lui donne ma position exacte et il me lance qu’il rapplique rapidement. Je retourne jusqu’à ma mustang, que pour le coup, je n’aime pas des masses. Je pourrais lui construire un temple, mais aujourd’hui, j’ai plutôt envie de lui creuser une tombe. Foutu aiguille d’essence qui marche une fois sur deux, si j’avais su, j’aurais fait le plein. Faut vraiment que je me penche sur elle pour quelques travaux, sinon ça risque de se reproduire et là, je lui en voudrais vraiment. J’attends presque une heure avant qu’il n’arrive enfin. Il sort de quoi tirer ma caisse, on attache et on retourne chacun derrière le volant. Il tire ma voiture jusqu’à Staten Island où je la laisse devant chez lui. Encore humide, je rentre chez lui pour prendre une douche et piquer ses affaires. J’ai la flemme de retourner jusqu’à Greenwich Village pour ce soir, je squatte. Mon oncle semble heureux et il prépare une plâtrée de pâte à la carbonara. On se colle devant le téléviseur, le cul dans le canapé devant un film. Mon oncle n’est pas bavard et moi non plus, même si j’ai des choses à dire. J’ai déjà râler sur ma voiture dans la cuisine, mais là, j’ai un sujet plus profond et intime qui me tourne en boucle dans la tête. Je sais qu’il le ressent, il a ce regard qui ne trompe pas et pour être mon confident, je connais ses expressions par cœur. Le film se termine, nos ventres sont tendus de la bouffe qu’on a ingurgitée comme des ogres. Il propose une bière et je me lève pour le rejoindre en cuisine, ouvrant la bouteille avec mes mains épaisses. « Allez, dis-moi ce que tu as sur le cœur mon gros, je sens que ça te bouffe là ! » J’étire un sourire. Il me connaît trop. Je lui montre le salon et on retourne claquer nos culs sur le divan. Bière à la main, je commence à parler : « C’est à propos d’une fille. » « Elle est enceinte ?! » « Non, dieu merci, non… T’es con ! » Il se met à rire et je lève les yeux au ciel, mimique de mon frère. D’ailleurs ce con, je dois lui parler parce qu’il me cache des choses aussi, salopard. Mais plus tard, je me concentre sur moi. « Kandiss est de nouveau sur New York. » Je n’ai pas besoin de tourner la tête pour sentir l’expression de son visage. Surprise et attente. « Ouais… On s’est croisé par hasard sur Times Square, j’allais faire le plein et elle bosse dans ce drugstore. C’est la gérante. » Je tourne la tête vers lui, il m’encourage à poursuivre. « On a discuté, on s’est expliqué et si elle s’est barrée, c’est parce qu’elle était malade. Le genre grave tu vois, et elle a pensé que… ça me ferait mal de la voir comme ça, surtout qu’elle avait pas trop d’espoir et qu’elle voulait pas me rendre malheureux, blablabla… » Il grimace et j’enchaîne sans attendre de parole. « Le truc, c’est qu’après, bah on s’est retrouvé dans ma chambre à s’envoyer en l’air. Parce que… bah, j’en avais envie et elle aussi tu vois. Mais y’a aussi ce truc, je crois que… j’ai toujours des sentiments pour elle et j’ai l’impression que c’est réciproque. Mais y’a aussi le fait que j’veux pas me faire avoir, qu’elle m’a déjà fait souffrir une fois, même involontairement, j’en cogne mais… c’est là et elle peut recommencer. » Il soupire, passant une main dans sa chevelure brune hirsute. « Trey, les gens changent… » Je croise son regard, un sourcil arqué. Il me prend pour une bille ou quoi. « Ouais, je sais bien mais… enfin, ça se trouve, je me fais des idées et elle s’en fou de moi mais… Bah en couchant avec elle, ça a réveillé pas mal de chose en moi tu vois… » « Je vois. » « Et je me dis que… enfin on a trop changé pour tenter à nouveau. Je veux dire, j’suis plus le même gamin. » « Non, c’est sûr. » « Et elle n’est plus la même gamine, physiquement surtout, putain. » « Je m’en doute. » « Je suis perdu Misha ! » Il pose sa main sur mon épaule, ce regard brillant et compatissant qu’il possède toujours. « Perdu parce que tu ne sais pas quoi faire face à elle, c'est-à-dire oser lui avouer ce que tu ressens. Ou perdu parce que justement, tu veux le faire mais que tu as peur d’oser à nouveau ? » « Je sais pas… » Il sourit, serrant ses doigts dans une pression confortable. « Laisse le temps faire les choses, tu comptes la revoir ? » « Ouais, enfin… J’attends qu’elle m’appelle, j’ai pas envie de passer pour le mec accro tu vois. » « Trey… ! » « Quoi, c’est vrai ?! Si elle me rappelle, alors, c’est qu’elle veut me revoir aussi, même si elle l’a dit mais en face, c’est simple de mentir. » Il secoue la tête, m’encourage à l’appeler le premier. Mais non, pour ma fierté, j’attendrais qu’elle le fasse. On discute ainsi encore pendant un moment puis je l’abandonne pour aller me coucher. Il propose un garagiste pour ma voiture et je lui interdis de penser ne serait-ce qu’à la toucher. Il n’y a que moi qui la bidouille, personne d’autre. Le lendemain matin, je décampe rapidement pour retourner à la Great afin de subir ma journée de cours. La journée se passe et j’accepte d’aller boire un verre et plus si affinité avec Bridgit. Sauf que, j’ai aussi eu la surprise d’avoir un appel de Kandiss qui souhaite qu’on se voie pour parler. C’est bien une fille. Je lui propose de me rejoindre pendant mon rencard avec Bridgit. La soirée se passe et après le cinéma, on va tranquillement au café dans le Little Italy. A table avec la belle Bridgit, elle m’annonce qu’elle ne reste pas car elle doit impérativement aller voir sa grand-mère dans une maison de retraite. Je suis déçu, moi qui pensais qu’on aurait quelques moments de folies ensemble. Une prochaine fois. Je me penche pour l’embrasser afin de lui donner un avant-goût. Un raclement de gorge nous éloigne et je tourne la tête vers Kandiss, déjà présente. Son regard est étrange, autrefois, j’aurais pu croire que c’est de la jalousie mais aujourd’hui, c’est différent non ?! « Bonsoir ! » J’étire un sourire, prêt à répondre mais elle enchaîne rapidement. « Je dérange, je devrais peut-être…revenir lorsque tu ne seras plus occupé à fourrer ta langue dans sa bouche ! » Oula. Mais qu’est-ce qu’elle a ? Bridgit lève les sourcils, surprise et à la fois gênée. Elle va croire que j’ai déjà une copine, merde. Elle se lève pour partir et Kandiss semble également sur le point de se barrer. Putain les filles, je vous jure, si j’en étais capable, je deviendrais gay. « Reste Kandiss, Bridgit s’en va. » Je me lève pour contourner la table afin de serrer brièvement la jeune femme dans mes bras, glissant un suave « à bientôt » dans son oreille droite. Elle sourit et quitte le café alors que je tourne la tête vers Kandiss. « Vas y, assied-toi ! Tu lui as fait peur avec ta tronche ! Bien, tu veux boire quelque chose ? » Je commande un deuxième irish coffee pour l’accompagner et après sa commande, je croise les mains sur la table, face à elle. « Alors, tu vas bien depuis la dernière fois ? J’allais t’appeler justement, avec les cours et tout, je manque de temps. » Ce qui n’est pas vraiment faux. J’étire un sourire, espérant lui montrer que je suis vraiment content qu’elle soit là.

Trey ○ Kandiss

Je suis jalouse ? Non, enfin, c’est…absolument ridicule…En fait, non, ça ne l’est pas. Oui, je le suis. Il aurait au moins pu avec la décence de me dire qu’il était avec une fille. Non, mais c’est vrai. Il sait que je dois lui dire quelque chose d’important et Monsieur se pavane avec une minette à deux balles gonflée au botox ! Je m’apprête à faire demi-tour, mais visiblement, Trey veut que je reste et l’autre moche, elle se barre. Parfait ! Je grimace, la mâchoire serrée et l’envie irrépressible de dire tout ce que j’ai sur le cœur, mais on va éviter ça. « Vas y, assied-toi ! Tu lui as fait peur avec ta tronche ! Bien, tu veux boire quelque chose ? » Quoi ? Il se fout de ma gueule en plus. J’en oublie presque pourquoi je suis là et je n’ai aucune envie de lui dire pour Eliott. C’est vrai ! Je ne veux pas de ce genre de père pour lui. Tant pis pour les conseils de Tess. Une nouvelle fois, je ravale mes paroles, me contentant d’une moue un peu ironique par rapport à ce qu’il m’a dit. « Une bière, s’il te plait » Il se commande lui aussi une boisson et je tente de me calmer, croisant et décroisant les doigts sous la table. Bordel, comment veux-tu que je lui sorte un truc aussi important avec calme et sérénité, alors que je suis une boule de nerfs ambulante avec ce qu’il vient de me faire. « Alors, tu vas bien depuis la dernière fois ? J’allais t’appeler justement, avec les cours et tout, je manque de temps. » Je remets une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille, tentant de ne pas lui aboyer dessus. Allez, je peux le faire, je le sais. Je respire un grand coup avant de répondre. « Je vais bien, merci. Et je ne doute pas que tu m’aurais téléphoné…le temps certainement de t’apercevoir que j’existais encore depuis la nuit qu’on a passée ensemble » Je ferme les yeux, me mordant la joue, car je viens d’être agressive et pas à bon escient. « Je suis navrée, je…je ne voulais pas dire ça. Je sais que tu bosses beaucoup, Trey. C’est juste que…j’ai été surprise de te trouver avec cette fille et que je pensais, bêtement que tu serais seul. J’ai eu l’audace de penser l’espace d’un moment que peut-être cette nuit-là aurait été différente de celle que tu as passée avec d’autres. Ce que j’ai pu être conne… » Le serveur nous apporte nos consommations et Trey paye avant que je n’aie le temps de sortir mon porte-monnaie. « Merci… » Il me demande ce que j’ai à dire de si important. Je souris, crispée et contrariée. « Je ne suis plus certaine que cela soit…important…au vu de ce que je viens d’encaisser, donc…on va se contenter de boire nos boissons, ok… » Je porte le goulot de la bouteille à ma bouche, cherchant le calme dans mon esprit en pleine tempête. Comment le dire sans le froisser, je ne sais pas, je ne sais plus, j’ai juste envie d’ouvrir la porte du bar et de fracasser la fille contre un mur.

KANDISS & TREY

« Je vais bien, merci. Et je ne doute pas que tu m’aurais téléphoné…le temps certainement de t’apercevoir que j’existais encore depuis la nuit qu’on a passée ensemble » Aïe. Je lève un sourcil, surpris par ce qu’elle vient de balancer directe. Comme si je peux l’oublier, elle qui a compté plus que toutes les autres. Je contracte les mâchoires, mon mécontentement doit se voir sur mes prunelles brillantes. « Je suis navrée, je…je ne voulais pas dire ça. Je sais que tu bosses beaucoup, Trey. C’est juste que…j’ai été surprise de te trouver avec cette fille et que je pensais bêtement que tu serais seul. J’ai eu l’audace de penser l’espace d’un moment que peut-être cette nuit-là aurait été différente de celle que tu as passée avec d’autres. Ce que j’ai pu être conne… » Je grimace. Qu’est-ce qu’elle croyait ? Que cette nuit était une promesse de couple ? Qu’on se remettait ensemble après avoir baisé ? Si c’est ce qu’elle veut, il fallait le dire cette nuit-là plutôt que de partir comme elle l’avait fait. Je me racle la gorge, prêt à répondre lorsque le serveur pose nos consommations. Je lui donne un billet pour payer les boissons, lui priant de garder la monnaie et je lance d’une voix froide et lointaine : « Qu’est-ce que tu as de si important à me dire alors ? » Il vaut mieux cette question plutôt que de répondre à ses répliques passées. Je risque d’être méchant, sans le vouloir et ce n’est pas ce que je souhaite. « Je ne suis plus certaine que cela soit…important…au vu de ce que je viens d’encaisser, donc…on va se contenter de boire nos boissons, ok… » Non pas ok. Elle veut qu’on se voie parce qu’elle a un truc urgent à dire et là, maintenant, ça ne l’est plus. Et tout ça, parce qu’elle m’a vu embrasser une autre fille. C’est trop. Je pose mon poing sur la table, un brin trop brutalement, et je croise son regard vert. « Tu te fous de ma gueule Kandiss ? Je n’ai rien signé cette nuit-là, et toi non plus. On a été deux adultes consentants qui savaient très bien ce qu’ils faisaient. Et tu l’as même dit toi-même. Et là, j’ai droit à une crise de gamine parce que j’ai embrassé une autre fille ? Sérieux ? » Non, mais merde. Qu’est-ce qu’elle a, elle est jalouse ou quoi ? « Si tu voulais qu’on soit exclusif Kandiss, fallait pas vouloir te barrer aussi vite de la chambre. Fallait parler, fallait dire des mots ou plutôt poser les bonnes questions. » Je porte mon irish coffee aux lèvres, buvant deux longues gorgées en me brûlant la gorge. Je tousse, frappant sur mon torse avant de croiser ses prunelles. « Cette fille ne compte pas, je la connais tout juste… Pourquoi tu voulais me voir Kandiss ? Dis-moi ce que tu as à dire… Je ne serais pas ici si je ne voulais pas te revoir, ou entendre ce que tu as à me dire. Tu me connais, tu sais comment je suis… » J’étire un sourire en coin, je suis parfois un salaud, mais les personnes qui ne sont pas importantes n’ont pas de place dans mon quotidien. Même gamin, j’étais comme ça. Tu comptais pas, alors je ne gâchais pas mon temps précieux à t’entendre piailler ou chialer.

Trey ○ Kandiss

Son geste me fait sursauter, mais dans un sens, je crois que je l’ai provoqué. « Tu te fous de ma gueule Kandiss ? Je n’ai rien signé cette nuit-là, et toi non plus. On a été deux adultes consentants qui savaient très bien ce qu’ils faisaient. Et tu l’as même dit toi-même. Et là, j’ai droit à une crise de gamine parce que j’ai embrassé une autre fille ? Sérieux ? … Si tu voulais qu’on soit exclusif Kandiss, fallait pas vouloir te barrer aussi vite de la chambre. Fallait parler, fallait dire des mots ou plutôt poser les bonnes questions. » Oui, je sais qu’il avait raison, mais je ne lui demandais pas d’être fidèle, je n’en avais pas le droit. Mais enfin, sachant que j’allais venir le voir, il aurait pu dire à la fille de partir avant non. Et puis, quoi…Lorsqu’il saura pourquoi, je suis partie…et puis merde, pourquoi, je me justifierai ! « Cette fille ne compte pas, je la connais tout juste… Pourquoi tu voulais me voir Kandiss ? Dis-moi ce que tu as à dire… Je ne serais pas ici si je ne voulais pas te revoir, ou entendre ce que tu as à me dire. Tu me connais, tu sais comment je suis… » Ses mots me font presque sourire, c’est vrai, il vient de me dire, qu’elle ne comptait pas, ce qui voulait dire que moi, je comptais…il vient de me dire les mots qu’il fallait pour faire redescendre la colère instantanément. « Oui, je sais…Je ne vais pas passer ma soirée à m’excuser. On a rien signé, on a rien dit et…c’est que…j’ai été jalouse, oui. Sans raison…enfin peut-être que j’ai des raisons, mais…je ne suis pas là pour te parler de ça. Je… » Je fais tourner ma bière dans ma main, songeant à comment aborder le sujet sans qu’il se barre et je n’ai qu’une seule option. « Tu as une voiture ? Je voudrais qu’on aille jusqu’à mon appartement…Si tu as du temps, bien sûr » Certes dangereux, mais vu l’heure, Eliott sera couché et je pourrais alors lui dire dans un environnement calme où il ne pourra pas tout balancer et crier avant de partir. « Ce n’est pas une chose que j’arrive à dire, dans un endroit comme ça, je préfère l’intimité » Il n’a pas l’air d’avoir d’obligation et après avoir terminé nos consommations, nous quittons le bar pour Brooklyn. Je suis plus que nerveuse et j’envoie d’ailleurs un message à Jess pour qu’elle quitte l’appart d’ici 15 minutes avant qu’on arrive. Je ne veux pas avoir de question de la part de Trey avant d’être dans mon appart. Je repense aux conversations avec Tess. Ça ne va pas être simple.

KANDISS & TREY

« Oui, je sais…Je ne vais pas passer ma soirée à m’excuser. On a rien signé, on a rien dit et…c’est que…j’ai été jalouse, oui. Sans raison…enfin peut-être que j’ai des raisons, mais…je ne suis pas là pour te parler de ça. Je… » Jalouse ? Je n’affiche rien mais au fond de moi, je jubile. Ouais, j’aime rendre les femmes jalouses mais, ça veut dire qu’on est important. Et savoir que je le suis pour Kandiss me fait remonter des années en arrière, lorsque je l’aimais comme un dingue. Il ne faut pas grand-chose pour que j’éclate à nouveau. En fait, je crois que… une simple demande suffirait. Mais, je ne vais pas lui donner la tâche simple. J’ai souffert et elle aussi à vrai dire. Je ne dois pas être égoïste parce qu’au final, c’est elle qui a le plus souffert dans l’histoire. « Tu as une voiture ? Je voudrais qu’on aille jusqu’à mon appartement…Si tu as du temps, bien sûr » Je redresse le visage vers elle, surpris que cette information mérite d’être prononcé dans un coin intime. « Ce n’est pas une chose que j’arrive à dire, dans un endroit comme ça, je préfère l’intimité » Ouais, comme je viens de le penser. Bon et bien. J’espère que ce n’est pas trop grave, parce que je commence un peu à flipper. « J’ai rien de prévu… Donc, okay. » Elle semble satisfaite et on termine nos boissons avant de quitter le bar. Je l’emmène jusqu’à ma petite femme, ma belle mustang rouge et je la laisse grimper. Je tourne le regard vers elle, fier de ma voiture. « Je l’ai eu pour mes seize ans. » Elle étire un sourire et je fais gronder son moteur pour m’engager sur la route. Elle me guide jusqu’à son adresse, soit à Brooklyn. Je me stationne en bas de son immeuble, dans un état assez délabré. Je grimace, elle vit mal et ça me fait un point au cœur. Ou alors, ce n’est qu’une façade. Seulement, dans les couloirs pour monter jusqu’à son étage, je me rends vite compte que ce n’est pas uniquement l’extérieur. Elle ouvre sa porte, elle referme et je remarque qu’il y a plusieurs verrous. Brooklyn n’est pas un coin bien fréquenté, surtout lorsqu’on est une aussi jolie femme. Et seule. J’observe son logement, simple sans beaucoup de meuble. Mais elle ne manque de rien, bien que ce soit dans un état usé. Pas de frigo neuf, ni de grande télévision. Je sens vite qu’elle ne gagne pas des masses et qu’elle survit plutôt qu’autre chose. Pourtant elle est seule, pourquoi prendre un grand logement ? Je remarque qu’il y a deux chambres, peut-être un bureau ? J’hausse des épaules et prend mes aises sur son canapé, je me sens vite à l’aise chez les autres. Surtout quand on me dit « fais comme chez toi ». Elle propose à boire et j’étire un sourire. Elle disparait en cuisine et j’observe l’appartement autour, j’ai envie de l’aider mais elle le prendra mal. Seulement, je me sens… concerné sans trop comprendre pourquoi. Kandiss, elle s’imaginait une vie si belle, si épanouissante lorsqu’on était jeune. Elle rêvait d’être professeur d’Histoire, de voyager et à la place, elle n’était que gérante d’un drugstore. C’était loin. Elle revient avec les boissons et je me redresse en montrant d’une tête la porte fermée. « Pourquoi tu as deux chambres ? Tu t’es fait un bureau perso ? Ou une salle de torture ? C'est que, t'es à fond SM toi... » Je lève un sourcil, voulant détendre l’atmosphère.

Trey ○ Kandiss

Je suis plus que nerveuse, lorsqu’on arrive. Je sais comment vit Trey et je sais aussi pour l’avoir lu dans le regard de Tess que mon appart’ n’est pas le « must », mais je ne peux pas payer plus. Eliott a déjà sa propre chambre, c’est déjà très bien. On entre et j’allume la lumière du salon, lui lançant un fait comme chez toi. Et c’est ce qu’il fait, s’installant sur le canapé alors que je vais en cuisine, prendre des boissons. « Pourquoi tu as deux chambres ? Tu t’es fait un bureau perso ? Ou une salle de torture ? C'est que, t'es à fond SM toi... » Je tourne mon visage vers les portes et je souris, décidément, lui et moi, c’est un autre monde. « Non, il y a une chambre et une salle de bain. Pour tout dire, moi…je dors sur le canapé… » Il fronce les sourcils et je comprends qu’il ne comprenne pas, après tout, il doit être à des centaines de kilomètres de ce que je vais lui annoncer, si je trouve le courage toutefois. Je respire profondément, posant ma boisson sur la table basse. « Le mieux, c’est que tu poses ta bouteille, et qu’on aille dans cette chambre, mais…s’il te plait…évite de crier… » Ses yeux s’arrondissent d’incompréhension et c’est bien normal, lui ne sait pas ce qu’il y a derrière cette porte close. Je me lève la première, tendant la main à Trey. « S’il te plait… » je suis des plus sérieuses et je m’approche de la porte doucement, je pose ma main sur la poignée que je descends lentement, la lumière du couloir se projette sur la chambre, une chambre d’enfant, j’ouvre plus pour que la lumière aille jusqu’au lit d’Eliott et je me pousse un peu pour laisser Trey regarder à son tour. Mon petit bonhomme dort bien, le visage paisible face à nous. Je devrais être attendrie, mais en réalité, j’ai une grosse boule dans le ventre, la peur. Je vois Trey qui fait demi-tour et je referme la porte aussi lentement que je l’ai ouverte. « Tu ne vas pas partir, hein ? » il se tourne vers moi et je sens à son regard qu’il est furieux, mais perturbé, je le connais. Et avant qu’il ne me reproche quelque chose, je débute les explications. « Oui, je t’ai menti, je n’aurais pas dû, je le sais…Je n’ai jamais été malade, j’étais enceinte de toi…il a presque neuf ans…Mais je ne t’ai pas menti complètement, j’ai failli y rester lorsque je l’ai mis au monde, mon bassin était…trop petit pour le bébé qu’il était…J’ai voulu te le dire des milliers de fois pendant ces neuf ans, mais je n’ai jamais trouvé le courage. Et je voulais que tu réussisses dans la vie, que…tu ne sois obligé de rien… » Mon ventre n’était que nœuds et douleurs et mes yeux se remplissaient d’eau salée. Il était en colère, je le voyais. Je n’osais même plus bouger. « Sois en colère contre moi, mais lui… » Je montrais la chambre du doigt « Lui, il n’a rien fait pour ça…Maintenant...tu sais pourquoi, je suis partie ce soir-là… » Je le regarde, il n’a toujours rien dit, ce n’est pas bon signe.

KANDISS & TREY

« Non, il y a une chambre et une salle de bain. Pour tout dire, moi…je dors sur le canapé… » Je fronce des sourcils. Pourquoi elle dort sur le canapé si elle a une chambre. A moins de ne pas avoir de lit, je suis perplexe. « Le mieux, c’est que tu poses ta bouteille, et qu’on aille dans cette chambre, mais…s’il te plait…évite de crier… » Hein ? Pourquoi est-ce que je devrais crier en voyant ce qu’il y a dans cette chambre ? A quoi elle joue, parce que putain, j’ai une boule dans le ventre, comme si lui sait ce qu’il se prépare. Elle se lève en me tendant la main, et je l’observe avant de céder. Putain, j’ai peur et c’est bien la première fois que ça m’arrive. Je me doute que ça ne va pas être un cadavre, mais quelque chose qui ma chambouler mon existence, ça je le sens et j’en suis certain. Elle ouvre la porte, doucement comme pour faire languir ou jouer avec mes nerfs. J’aperçois comme des personnages au sol et je me penche pour voir plus à l’intérieur. Putain de coulée glaciale qui descend le long de ma colonne lorsque je vois dans un lit, moi petit. Un gamin, et il est évident que c’est le mien. Car si dans la pénombre, j’arrive à me reconnaître, bordel ça doit être pire en vrai. Je fais demi-tour sans un mot, parce que je ne vais pas gueuler pour le réveiller, ça serait pire. J’espère qu’il ne sait pas que j’existe. « Tu ne vas pas partir, hein ? » Je me retourne vers elle, le regard sombre et plutôt assassin. Merde, elle m’a menti. Elle m’a dit qu’elle allait crever et moi comme un con, j’y ai cru. Putain. J’ai un môme, enfin, bordel… « Oui, je t’ai menti, je n’aurais pas dû, je le sais…Je n’ai jamais été malade, j’étais enceinte de toi…il a presque neuf ans…Mais je ne t’ai pas menti complètement, j’ai failli y rester lorsque je l’ai mis au monde, mon bassin était…trop petit pour le bébé qu’il était…J’ai voulu te le dire des milliers de fois pendant ces neuf ans, mais je n’ai jamais trouvé le courage. Et je voulais que tu réussisses dans la vie, que…tu ne sois obligé de rien… » Elle se fou de ma gueule ou quoi ? Oser prendre la décision seule sans même me demander, sans même savoir ce que MOI je voulais à cette époque. Putain, j’aurais assumé, parce que je suis comme ça, parce qu’elle était tout pour moi et que même si on était jeune, même si on le voulait pas, bah j’aurais été là pour elle. Mais non, elle a préféré se barrer en pensant que ça gâcherait ma vie. Je rage. J’ai envie de frapper quelque chose, j’ai envie de boire, j’ai envie de hurler même. « Sois en colère contre moi, mais lui… […] Lui, il n’a rien fait pour ça…Maintenant...tu sais pourquoi, je suis partie ce soir-là… » Mes yeux deviennent deux fentes menaçantes. « Tu crois que je suis un connard ? Certainement… Après tout, tu te barres en pensant que ça serait mieux pour moi de me priver d’un gamin. Et puis quoi ? Neuf ans après, tu m’en parles. Pourquoi ? Tu crois que je peux faire partie de sa vie aujourd’hui ? Il a neuf ans, il a grandi et sans père, on ne peut pas rentrer dans la vie de quelqu’un comme ça, après NEUF ANS PUTAIN ! » Je me retourne et frappe dans la première chose que je trouve, le mur. Je m’arrache plus la main qu’autre chose, mais ça défoule. C’est pas suffisant, j’ai envie d’hurler, de lui déverser un venin paralysant et monstrueusement méchant. Je tourne la tête vers elle, elle n’en mène pas large et elle a raison. « Comment tu as pu faire ça Kandiss ? Comment tu as pu croire une seconde que te barrer enceinte était la meilleure solution ? Tu sais quoi, ce n’est pas à moi que tu as gâché la vie. » Je me retourne, prenant une cigarette dans ma veste et j’ouvre sa fenêtre, allumant la mienne. Merde si on n’a pas le droit, je m’en cogne. J’ai besoin d’une clope là, tout de suite. « Pourquoi tu m’en parles, qu’est-ce que tu attends de moi ?! Tu veux de la tune c’est ça ? »

Trey ○ Kandiss

La foudre va tomber et je suis prête à subir, je n’ai pas le choix de toute manière. Comme me l’avait dit Tess, je dois assumer mon erreur. « Tu crois que je suis un connard ? Certainement… Après tout, tu te barres en pensant que ça serait mieux pour moi de me priver d’un gamin. Et puis quoi ? Neuf ans après, tu m’en parles. Pourquoi ? Tu crois que je peux faire partie de sa vie aujourd’hui ? Il a neuf ans, il a grandi et sans père, on ne peut pas rentrer dans la vie de quelqu’un comme ça, après NEUF ANS PUTAIN ! » Il frappe le mur et je place mes deux mains sur ma bouche pour ne pas crier. Je me laisserais bien aller à pleurer, mais cela ne ferait qu’accroitre sa colère, alors je me montre forte. Je prends sur moi, ce qu’il a dire, c’est ce que je dois faire. S’il savait qu’il n’a pas grandi sans père, pas vraiment.  « Comment tu as pu faire ça Kandiss ? Comment tu as pu croire une seconde que te barrer enceinte était la meilleure solution ? Tu sais quoi, ce n’est pas à moi que tu as gâché la vie. » Je le sais, s’il savait combien maintenant, je le sais, mais à 14 ans, on ne sait pas ce que s’est que la vie. On ne se doute pas une seule seconde de ce que cela représente. Il va vers sa veste et je pense qu’il va partir, je n’ai même pas la force de lui dire de rester, mais il ouvre la fenêtre et s’allume une cigarette.  « Pourquoi tu m’en parles, qu’est-ce que tu attends de moi ?! Tu veux de la tune c’est ça ? » C’est ce qu’il pense vraiment de moi, que je suis là pour de l’argent, c’est vrai que je ne roule pas sur l’or, mais de là à croire que…putain. « Non…je me fous de ton fric ! Comment tu peux, ne serait-ce qu’un instant pensé ça de moi…Non ! Mais bordel ! Je…Je te le dis parce que je ne peux pas vivre près de toi, en te mentant. Je sais que ce que j’ai fait était mal, mais à l’époque…ça me paraissait la meilleure solution, ne réfléchis pas comme maintenant, mais on avait 14 ans !... » Je soupire, détournant la tête de lui et croisant les bras comme pour bloquer la conversation. J’avais mal…La porte de la chambre grince et je vois Eliott qui sort se frottant les yeux et qui nous fixe maintenant. « Eliott, mon cœur, retourne au lit… » Mais, il n’a d'yeux que pour Trey et je vais vers lui, m’accroupissant et frottant sa joue. « Bébé, ce n’est pas le moment, je suis désolée qu’on t’ait réveillé, va te coucher… » Il me fait non de la tête. « C’est mon papa, hein ? C’est Trey… » Je lui souris et je ne peux m’empêcher de laisser des sanglots s’échapper. « Oui, mon cœur, c’est…Mais, ce n’est pas le moment… » Il regarde mon visage et vient de coller à moi, il me glisse un petit mot qui me fait sourire entre deux coulées de larmes. « Non, c’est que…ce n’est pas évident à avaler pour lui…va te coucher… » Il se mord les lèvres et regarde Trey avant de faire le contraire de ce que je lui avais dit. Il s’avance vers Trey à la fenêtre et croise les bras, en homme de la maison. « Pourquoi, tu fais pleurer maman ?! Maman, c’est la plus courageuse ! Alors…sois gentil, sinon, je reviendrais… » Eliott tourne les talons, vient m’embrasser et retourne à sa chambre, mais je sais qu’il ne fermera pas l’œil avant qu’il n’entende la porte d’entrée. Trey fait un geste vers la sortie et je me mets devant lui. « Je t’aime toujours…Ca ne pardonnera rien, je le sais… »

KANDISS & TREY

« Non…je me fous de ton fric ! Comment tu peux, ne serait-ce qu’un instant pensé ça de moi…Non ! Mais bordel ! Je…Je te le dis parce que je ne peux pas vivre près de toi, en te mentant. Je sais que ce que j’ai fait était mal, mais à l’époque…ça me paraissait la meilleure solution, ne réfléchis pas comme maintenant, mais on avait 14 ans !... » Je grimace, recrachant la fumée de ma cigarette. Oui, je m’en doute qu’elle n’est pas là pour mon fric, je la connais mieux que personne Kandiss. Je sais comment elle est, je sais qu’elle préfère se saigner plutôt que de demander de l’aide. Je sais qu’elle a préféré avoir un zéro en mathématique plutôt que d’avouer qu’elle n’avait pas pu acheter un compas avec ses parents étranges. Je sais aussi qu’elle a travaillé pendant tout un weekend pour pouvoir m’offrir un cadeau à Noël avec son propre argent. Je la connais mieux que quiconque et j’ai sorti ça bêtement, par colère, par stupidité. « Eliott, mon cœur, retourne au lit… » Je tourne la tête, le gamin est debout et il me regarde. Elle lui parle, lui demande de retourner se coucher et j’ai du mal à avaler ma salive en croisant son regard. « C’est mon papa, hein ? C’est Trey… » Je détourne le visage, un point au ventre. J’observe les bâtiments devant moi, un putain de sentiment étrange dans la gorge, un nœud. Sans parler de cette émotion qui monte et qui coince au niveau des yeux. Je n’écoute plus ce qu’ils disent, me concentrant pour ne pas chialer, mais bordel, c’est que j’en ai envie. « Pourquoi, tu fais pleurer maman ?! Maman, c’est la plus courageuse ! Alors…sois gentil, sinon, je reviendrais… » Je tourne la tête, voyant ce bonhomme près de moi, les bras croisés et le regard qu’il veut menaçant. Je lève un sourcil, il se détourne et disparait dans le couloir. Il a mes yeux. Nos yeux. Je me retourne, prêt à partir parce que là, j’ai besoin d’encaisser, j’ai besoin d’avaler, mais j’ai surtout cette putain de boule qui veut sortir et il est hors de question que je pleure devant elle. Merde je suis un mec, pas une fillette. Elle se place entre moi et la porte, je baisse le visage vers elle. « Je t’aime toujours…Ça ne pardonnera rien, je le sais… » Bordel, ne dis pas ça Kandiss. J’attrape son visage entre mes mains épaisses et je me penche pour l’embrasser avec force, mes lèvres s’écrasant avec virulence contre les siennes, rapidement ouverte pour un baiser profond et langoureux, ou ma langue tente de dominer la sienne. Un baiser dans lequel je me perds, dans lequel je cherche le réconfort et la lumière pour éviter de sombrer dans les ténèbres. A bout de souffle, je m’écarte, mon front collé contre le sien. Elle encercle ma taille de ses bras, ils sont petits et frêles à côté de moi. J’entoure ses épaules afin de l’attirer contre moi. J’ai envie de partir, mais j’ai aussi envie de rester. Sauf que… y’a ce gamin pas loin et… putain ça remonte. J’engouffre mon visage dans sa chevelure blonde, inspirant son odeur. Je sens ses mains serrer ma chemise et je me redresse, m’éloignant d’elle d’un seul mouvement. « Il veut que je fasse partie de sa vie ? » J’ai besoin de le savoir. Parce que la réponse dépendra de mon attitude.

Trey ○ Kandiss

C’est stupide de vouloir le retenir, mais je ne peux pas le laisser me quitter comme ça, avec une information aussi importante. Tess me l’a dit, « ne le laisse pas partir comme ça ». Il fond sur ma bouche et mon ventre n’est plus qu’une douleur sourde qui se diffuse. Je réponds à se baiser, parce que j’en meurs d’envie. Il est là, il est avec moi, je ne l’ai pas perdu. Je le regarde par-dessous, son front collé au mien. Je le sens plus faible et il vient dans mon cou, je le soutiens à ma manière, je m’accroche à lui. Puis sans raison, il s’écarte de moi. « Il veut que je fasse partie de sa vie ? » Je laisse mes larmes couler et je souris en même temps, hochant de la tête à sa question. « Tu n’imagines pas combien, il le veut… » Je me rapproche de lui, passant mes bras autour de lui, j’ai besoin d’être proche, j’en ai besoin et c’est tout. Sa main se pose sur mes cheveux et je reste un moment contre lui. « Je n’ai jamais voulu te faire du mal…Je suis tellement désolée… » Il s’écarte, prenant mon visage entre ses mains et passant son pouce sur ma joue. « Il a toujours su que tu étais son père. Il te connait, je lui ai parlé de toi, il a des photos et…il te ressemble, même sans vivre avec toi. Il porte ton nom…mais ce n’est pas pour te forcer, tu le sais…Il veut te connaitre, mais je sais que…neuf ans, c’est long à rattraper. Comment as-tu pu croire un seul instant que je te quittais ? » Il m’attire à nouveau contre lui et je ne veux pas qu’il parte. « Reste… »

KANDISS & TREY

« Tu n’imagines pas combien, il le veut… » Elle se rapproche à nouveau, se colle à moi et je pose une main sur sa tête, fermant les yeux. Il veut me connaître. Il veut que je fasse partie de sa vie. Il sait qui je suis, puisqu’il a dit mon nom plus tôt. Bon sang. Il sait qui je suis. « Je n’ai jamais voulu te faire du mal…Je suis tellement désolée… » Je m’écarte, prenant son visage en coupe pour caresser ses joues de mes pouces. Mon regard plonge dans le sien, j’ai envie de lui dire mais les mots bloquent. « Il a toujours su que tu étais son père. Il te connait, je lui ai parlé de toi, il a des photos et…il te ressemble, même sans vivre avec toi. Il porte ton nom…mais ce n’est pas pour te forcer, tu le sais…Il veut te connaitre, mais je sais que…neuf ans, c’est long à rattraper. Comment as-tu pu croire un seul instant que je te quittais ? » Je l’attire contre moi, fermant les yeux en posant mon menton sur sa tête. Les souvenirs de ce jour me reviennent, mes cris, mes larmes et mes supplications. Je n’avais pas compris, je n’avais pas voulu qu’elle parte. Mais elle l’avait fait, sans se retourner. Les larmes étaient sur ses joues, mais elle ne s’était pas retournée. J’avais eu si mal, j’avais cru que mon avenir s’écroulait comme un château de carte. Car Kandiss était mon avenir et elle partait, elle me quittait. Mes bras serrent davantage son corps contre le mien. « Reste… » Je lève la tête vers le plafond, si je reste babe, je n’aurais pas la force de repartir. Parce que je suis fou de toi, je l’ai toujours été. Je m’éloigne une seconde fois, croisant son regard et je lui offre un sourire, petit mais bien réel. Elle s’éloigne et je pose ma veste à l’entrée, sur la patère. Je retourne dans le salon, prenant place sur le canapé alors qu’elle propose quelque chose à grignoter. L’air de rien, j’ai la dalle et on a rien mangé. Je tourne la tête vers le couloir où je remarque une lumière qui filtre sous la porte de sa chambre. J’ai le cœur qui s’affole. Savoir qu’il y a un morceau de moi à quelques mètres, qu’il sait qui je suis et pourtant moi, je ne sais rien de lui. Juste son prénom. Elliot. D’ailleurs, je fronce des sourcils et la rejoint en cuisine. « Elliot, comme Peter et Elliot ? Tu adorais ce film… » Elle étire un sourire et je lui rends, retournant dans le salon alors qu’elle prépare des pâtes. Je termine ma bière et lorsqu’elle revient, je lui montre la chambre et la lumière. « Est-ce que… je pourrais le voir mercredi ? Il n’a pas cours le mercredi ? » Son regard change, il brille et je me penche pour me servir.

Trey ○ Kandiss

De ce simple sourire, j’entrevois beaucoup de choses, une réponse en premier, celle que j’attendais au simple et unique mot, reste. Je suis incapable de dire comme je me sens, soulagée et à al fois paniquée. Je venais de vivre neuf ans avec la peur qu’un jour je sois devant lui à lui avouer pour Eliott et finalement, la nouvelle s’est plutôt bien passée. Je pense que Tess y est pour beaucoup et je me dois de la remercier pour son aide, mais il n’est peut-être pas nécessaire de l’annoncer à Trey. Je pense qu’il a assez encaissé pour la soirée. Je me retourne observant son dos largue dans l’entrée. Il revient dans le canapé et je souris. « Tu as faim ? » Je n’attends pas vraiment sa réponse, j’imagine que oui, même si les nouvelles auraient pu lui couper l’appétit. Je dépose la casserole d’eau le feu où je plonge deux cubes pour donner du goût. Trey entre et je me retourne vers lui, essuyant mes mains sur un torchon. « Elliot, comme Peter et Elliot ? Tu adorais ce film… » Que dire de plus que…Oui, tu me connais de trop. J’adorais le prénom d’Elliot. Il comprend et je n’ajoute rien de plus attendant que les pâtes soient cuites pour aller le rejoindre avec deux assiettes garnies de féculents avec de la sauce italienne et de fromage. Un repas que mon fils adorait, en même temps, il n’était pas difficile. Je détourne le visage pour voir la lumière sous la porte d’Eliott. Il ne dort pas, il doit être assis dans son lit à guetter le moindre bruit de l’autre côté. « Est-ce que… je pourrais le voir mercredi ? Il n’a pas cours le mercredi ? » Mon cœur bondit, il veut passer du temps avec lui, je ne sais pas comment lui dire que ce sera surement la plus belle des journées de la vie d’Eliott. « Oui, il sera heureux que tu passes du temps avec lui, mais…avant je vais aller lui dire de dormir » Je me redresse, laissant les pâtes sur ma table basse, je fais les quelques pas vers la porte, soupirant et laissant mes épaules se relâcher. Mon regard bifurque sur Trey, je n’ai qu’un geste à faire pour l’inviter à franchir mon univers. C’est assez difficile pour la mère protectrice et exclusive que je suis. J’hésite avant de faire le geste de main vers lui. « Viens… » Trey se lève et je vois la crainte dans son regard, je lui souris et je prends sa main, la portant à ma bouche. Mon regard en dit assez long sur mes pensées que je ne prends pas la peine d’exprimer à l’oral. J’abaisse la poignée et j’entendre, voyant Eliott, se tourner de l’autre côté pour faire semblant de dormir. « Allez champion, pas la peine de tricher…je t’ai vu… » Mon petit bonhomme se retourne vers nous, n’ayant d’yeux que pour son père. Je m’agenouille près du lit, caressant sa tête affectueusement. Trey est resté en retrait, il doit être mal à l’aise. « Bébé…Il est tard, tu sais…tu devrais dormir… » Il me regarde, me suppliant de le laisser veiller, après tout, la chose la plus précieuse qu’il est jamais demandé à Noël ou à ses anniversaires est là devant lui, comme un cadeau qu’il n’a pas le droit de toucher. Je suis attendrie et je me penche pour embrasser son front avant de me relever, allongeant ma main vers Trey. « Trey…Je te présente Eliott Trevor Cooper, mon fils et…le tien… » Le petit homme s’assoit dans son lit, regardant Trey comme s’il était une chose précieuse, son regard est plus d’étoiles et d’impatience. « Tu n’es plus en colère ? »

KANDISS & TREY

« Oui, il sera heureux que tu passes du temps avec lui, mais…avant je vais aller lui dire de dormir » J’étire un sourire. Deux jours et j’allais rencontrer réellement ce garçon, mon… fils. Je crois que j’ai encore du mal à l’avouer, mais les faits sont là. Et je ne suis pas un salaud, je ne suis pas un connard au point de refuser la réalité. Il veut que je fasse parti de sa vie et même si je ne promets pas d’être un mec exemplaire, je ferais mon possible. Elle se lève pour aller dire certainement à son fils de dormir à présent, qu’on ne risque plus de s’engueuler. Mais elle se tourne vers moi et tend sa main comme quelques minutes plus tôt. « Viens… » Je soupire, la suivant bien que j’aimerais être ailleurs. Bon sang, c’est comme une rencontre officielle là. Elle entre et je reste à la porte, observant Elliot se retourner pour regarder sa mère. Il est tard et il devrait dormir, c’est certain. Elle se lève et tends encore sa main, bon sang. J’ai le cœur qui s’agite et je m’approche alors qu’il me regarde avec de grands yeux. « Trey…Je te présente Eliott Trevor Cooper, mon fils et…le tien… » Mes sourcils se froncent, Trevor. Mais bordel, pourquoi elle a osé lui donner ce prénom ridicule et honteux. Elle étire un sourire en voyant ma mine mais le petit s’adresse à moi et je m’accroupis pour être à la hauteur du lit. « Tu n’es plus en colère ? » J’étire un sourire en baissant le visage, jouant avec mes mains pour trouver les bons mots à lui dire. « Je n’étais pas vraiment en colère Elliot. Tu sais… je venais d’apprendre que tu existais et ça fait un choc… » Je croise son regard et il semble comprendre. « Alors, ta mère a osé te donner mon véritable prénom en second. » Il étire un sourire. « Mais je le trouve beau moi, j’aime mon deuxième prénom. » Je lève les yeux au ciel avant de me rapprocher un peu de son lit, posant une main sur le rebord. « Il faut que tu dormes maintenant, ou tu vas avoir une sale gueule… tronche demain. » Revoir mon langage aussi. « Et mercredi… je viendrais te chercher pour qu’on… apprenne à se connaître, ça te dit ? » Il regarde sa mère puis me donne une réponse plus qu’expressive. Je me lève et je quitte la chambre avec Kandiss quelques secondes après. Je reprends place derrière mon assiette et je lance sur le ton de la conversation : « Ca a l’air d’être un bon gamin… »

Trey ○ Kandiss

Je ne peux pas faire autrement que rester pour voir ce qu’ils se disent, pour voir de mes propres yeux ce contact qu’ils établissent l’un et l’autre. Père et fils, j’en avais rêvé une fois, mais je ne pensais pas le moins du monde que cela pourrait vraiment arriver. Eliott me touche, mon cœur de maman prend un coup et je suis trop sensible, ce petit bout, je sais tellement à quel point, il avait l’envie de rencontrer son papa. « Alors, ta mère a osé te donner mon véritable prénom en second. » Je roule des yeux, moi je l’adorais ce prénom. Et Eliott le portait fièrement, et sans honte. « Et mercredi… je viendrais te chercher pour qu’on… apprenne à se connaître, ça te dit ? » Eliott me regarde et je l’encourage du regard, son regard qui brille comme jamais. Je suis jalouse subitement et je sais que c’est normal, il va falloir que j’apprenne à le partager et ne pas être là dans tous les moments de sa vie, lui laisser un jardin secret. Ça va être dur, nous sommes bien trop fusionnels pour y arriver rapidement, j’en ai conscience. Nous quittons la chambre et je sens que Trey est plus détendu, mais à la fois qu’il a des questions à me poser. Je prends place sur le divan près de lui, il joue avec sa fourchette, cherche-t-il ses mots ? « Ça a l’air d’être un bon gamin… » Je suis attendrie, j’hoche de la tête. « En effet, c’est un merveilleux petit bonhomme, depuis qu’il est bébé. J’ai essayé de l’éduquer du mieux que j’ai pu. Seule…et je n’avais pas mes parents pour m’aider non plus…Mais, on s’est beaucoup soutenus, lui et moi. Il est parfois plus adulte que je ne le suis, tu sais… » Je passe ma main dans les cheveux, j’en ai marre qu’ils me tombent devant le visage. Alors, je me penche, je fouille la petite boite en plastique près du pied du canapé et je déniche un chouchou avec lequel j’attache mes cheveux dans un chignon relâché. « Est-ce que tu veux que je te parle de lui pendant ses neuf ans où…veux-tu qu’on parle…d’autres choses ? » Je ne sais pas trop comment le prendre, mais je me doute, qu’il a beaucoup à dire, mais je ne veux pas le brusquer pour autant, je sais que ces choses-là, prennent du temps.

KANDISS & TREY

« En effet, c’est un merveilleux petit bonhomme, depuis qu’il est bébé. J’ai essayé de l’éduquer du mieux que j’ai pu. Seule…et je n’avais pas mes parents pour m’aider non plus…Mais, on s’est beaucoup soutenus, lui et moi. Il est parfois plus adulte que je ne le suis, tu sais… » J’étire un sourire. J’ose imaginer que ça n’a pas dû être facile pour elle, si jeune et devoir éduquer un enfant. Je pense que, si j’avais été dans sa situation et qu’elle était restée, il aurait été difficile de me faire devenir adulte à seulement quatorze ans, surtout quand on sait comment j’étais à l’époque. Plutôt idiot. « Est-ce que tu veux que je te parle de lui pendant ses neuf ans où…veux-tu qu’on parle…d’autres choses ? » Je redresse le visage vers elle, fronçant des sourcils. Oui, j’aurai beaucoup de questions à poser sauf que je préfère avant qu’elle me parle de lui. Cela me permettra de réfléchir, mais aussi de baisser la tension soudaine que je ressens ici. « Parle-moi de lui… » Je me penche vers elle, les mains croisés et je l’écoute me parler d’Elliot. Me dire à quel point il est formidable, intelligent et doué en dessin. Qu’il me ressemble beaucoup, du moins aux gamins que j’étais avec elle. Qu’il possède certaines de mes mimiques, qu’il est sportif et fait du football américain et je me permets de rajouter que moi aussi. Des petits détails, mais j’ai l’impression de mieux connaître ce gamin. Une journée avec lui, bon sang, j’en stresse par avance. Est-ce que je dois tout de suite devenir un père ou… est-ce que je peux juste me contenter de le voir en attendant d’être… prêt. Il faut que je parle à ma mère, c’est impératif. On reste jusqu’à presque deux heures du matin, discutant d’Elliot, de la vie qu’elle a eu avant. Elle se lève pour aller se doucher et je reste dans le salon lorsque son téléphone se met à sonner. Qui peut appeler aussi tard ? Je décroche, au cas ce serait important et je tombe sur un mec. « Vous êtes qui ? » Je fronce des sourcils, le mec n’a pas l’air heureux de tomber sur une voix d’homme. « Je suis Trey, et vous êtes ?! » Pas agressif du tout, non Trey, détend-toi. « Stefan, je suis le mec de Kandiss ! » Coulée froide qui coule dans mon dos, je raccroche au nez du mec. Elle revient quelques minutes plus tard et je vais dans sa salle de bain sans un mot. Je me douche et je ressors en caleçon et tee-shirt. Elle est déjà dans le canapé défait. « Bonne nuit ! » Je m’installe au bord, sans un mot de plus, je lui tourne le dos. Elle a un mec. Ça me fait royalement chier, mais bizarrement, je me sens comme trahi. Putain.

Trey ○ Kandiss

« Parle-moi de lui… » Mes lèvres se pincent et je débute par les choses les plus simples qui me viennent à l’esprit. « Il est né le 10 février 2005 à 3h du matin. Il est venu quelques jours avant terme et il était déjà un beau bébé. 52 centimètres et presque 4 kilos, les sages-femmes ont cru que je n’arriverais jamais à accoucher. Pourtant, ça s’est produit, j’ai juste mis beaucoup de temps. Il a grandi dans le Colorado, il a fait ses nuits très rapidement, il ne pleurait presque jamais. Il a été un très gentil petit bout, sans problème. Il n’aime pas jouer au médecin…désolée…mais il dessine. Il a un don pour les comics et tous les super héros. Il a fait quelques bandes dessinées d’ailleurs. Il travaille bien à l’école, mais il se fait souvent marcher sur les pieds. Pourtant, lorsqu’il fait du foot, je t’assure qu’il n’est plus le même. C’est un petit bout, qui te ressemble énormément, c’est vrai, parfois, je le regardais et c’est toi que je voyais, alors…je souriais et je pensais à toi…Eliott est un gosse super. Calme et bienveillant envers les autres. Il a aussi ce tic que tu as…tu sais avec ton sourcil, il le fait aussi, c’est étrange, parce qu’il ne t’a jamais vu le faire » Je souris, c’est étrange de tout dire comme ça. Une vie en quelques mots. On parle sans que je voie le temps défilé et puis je regarde l’heure et je vais à la salle de bain. Il est plus que tard. Je reviens en nuisette pour me coucher et je sens au visage de Trey qu’il est contrarié, mais je ne comprends pas les raisons qui lui font avoir cette tête. Il se lève et prend ma place dans la salle de bain, je me couche et j’attends qu’il revienne, peut être a-t-il eu un sms ou un coup de téléphone important. « Bonne nuit ! » Je me redresse et je lui touche l’épaule, je ne comprends pas. « Trey, il se passe quelque chose ? » il m’envoie chier et là, vraiment, je suis perdue, on vient de parler pendant des heures et tout à coup, plus rien, il se ferme comme une huitre. « Je ne comprends pas…j’ai fait quelque chose, de mal ? » Il se retourne et je me prends en pleine face qu’il a eue Stefan au bout du fil. Je ne me sens pas fautive, Stefan et moi, c’est terminé depuis le soir où j’ai couché avec Trey. « Stefan est mon patron, Trey et accessoirement, mon ex-copain. Seulement, il ne le sait pas encore, il bosse sur Los Angeles et…je ne veux pas lui dire que c’est fini par sms ou téléphone. À vrai, dire…c’est fini depuis que je t’ai revu…Mais, comme c’est aussi mon patron, je crois qu’il faut que je sois en face de lui pour lui annoncer. Il ne représente plus rien, enfin…Tu as cru que je me moquais de toi ? Je n’ai pas changé à ce point, tu sais…Je suis déçue que tu penses que…non, laisse…c’est pas grave… » Cette fois, c’est moi qui me retourne la tête contre le dos du canapé. D’un côté, je me sentais heureuse qu’il ait ressenti de la jalousie, mais attristée qu’il ait ne serait-ce penser que j’aurais pu lui mentir à ce point sur une relation.

KANDISS & TREY

« Trey, il se passe quelque chose ? » « Lâche-moi ! » Je me réinstalle sous la couette, je ne veux vraiment pas parler dans l’immédiat. « Je ne comprends pas…j’ai fait quelque chose, de mal ? » Je me retourne, me redressant sur un coude et croisant son regard vert et perdu. « Stefan, ça te dit quelque chose peut-être ? Tu sais, TON mec… Je viens de l’avoir au téléphone… » Elle se trouble et je grimace, ça ne devrait pas me rendre fou comme ça mais, je n’y peux rien. Elle a été jalouse plus tôt dans la soirée et maintenant, c’est mon tour. « Stefan est mon patron, Trey et accessoirement, mon ex-copain. Seulement, il ne le sait pas encore, il bosse sur Los Angeles et…je ne veux pas lui dire que c’est fini par sms ou téléphone. À vrai, dire…c’est fini depuis que je t’ai revu…Mais, comme c’est aussi mon patron, je crois qu’il faut que je sois en face de lui pour lui annoncer. Il ne représente plus rien, enfin…Tu as cru que je me moquais de toi ? Je n’ai pas changé à ce point, tu sais…Je suis déçue que tu penses que…non, laisse…c’est pas grave… » Je me sens con. Elle se retourne et je croise les bras, la tête appuyé contre l’oreiller. Je n’aurais pas dû faire une conclusion aussi rapide, mais mon passé, Jules me fait du mal je crois. Elle ne bouge plus et j’observe son profil avant de soupire. « Après toi, je ne suis pas sorti avec des filles, enfin sérieusement. J’ai juste couché à droite et à gauche sans m’attacher. Puis j’ai rencontré Julianne, c’était ma première année à l’Université. Elle était… terrifiante et à la fois, elle m’attirait comme un fou. Pourtant d’apparence, c’est le genre à éviter mais j’ai réussi à briser, à voir au travers du miroir et je suis tombé raide dingue d’elle. La première fois que je retombais amoureux après toi. On est resté deux ans ensemble. C’était vraiment bien puis… elle m’a trompé. Comme ça. Et elle ne s’est pas excusée, elle ne le regrette pas et pour elle, c’est presque naturel. Je me suis pris en pleine gueule des choses mauvaises et… je suis un peu sur les dents, au niveau de la fidélité, des histoires doubles tu vois. Ca m’insupporte et je les crains… » Elle tourne la tête et je soupire en passant mes mains sur mon visage. « Je suis désolé de m’emporter, je devrais pas parce qu’on n’est pas ensemble et que tu peux avoir un copain. Mais je ne sais pas… l’idée qu’il y en ait un autre, ça me bouffe. »

Trey ○ Kandiss

Le temps de silence s’installe dans la pièce et je me sens étrangement troublée, puis sa voix vient tout bousculer et je l’écoute, j’entends chacun de ses mots.« Après toi, je ne suis pas sorti avec des filles, enfin sérieusement. J’ai juste couché à droite et à gauche sans m’attacher. Puis j’ai rencontré Julianne, c’était ma première année à l’Université. Elle était… terrifiante et à la fois, elle m’attirait comme un fou. Pourtant d’apparence, c’est le genre à éviter mais j’ai réussi à briser, à voir au travers du miroir et je suis tombé raide dingue d’elle. » Ça, c’est le genre de chose qui me fait monter la douleur dans le ventre, même si c’est passé. Lui il a été très amoureux d’une autre…moi qui n’ait jamais pu mettre personne au-dessus de ce que j’avais ressenti pour sa personne. « La première fois que je retombais amoureux après toi. On est resté deux ans ensemble. C’était vraiment bien puis… elle m’a trompé. Comme ça. Et elle ne s’est pas excusée, elle ne le regrette pas et pour elle, c’est presque naturel. Je me suis pris en pleine gueule des choses mauvaises et… je suis un peu sur les dents, au niveau de la fidélité, des histoires doubles tu vois. Ca m’insupporte et je les crains… » Je me retourne, le regardant avec plein de compassion dans le regard. Je ne comprends pas réaction et je me sens conne. « Je suis désolé de m’emporter, je devrais pas parce qu’on n’est pas ensemble et que tu peux avoir un copain. Mais je ne sais pas… l’idée qu’il y en ait un autre, ça me bouffe. » Je m’approche, posant une main que je sors de la couette sur sa joue. La tendresse est là, non pas la tendresse, bordel, c’est de l’amour là. « Il n’y a plus personne…et pour ce qui est d’être ensemble, ça ne dépend que de toi… » Il me regarde et je sais qu’il en a envie, mais c’est peut être, non, c’est précipité, mais….je sais que de mon côté, je n’aurais pas quitté Stefan, si je n’étais pas certaine d’être complètement amoureuse de Trey. « Je ne te parle pas d’être ensemble pour Eliott…mais…parce qu’on en a envie, l’un et l’autre…cette nuit…l’autre nuit…je veux dire, elle m’a fait comprendre un tas de choses et…je te l’ai déjà dit, je t’aime encore…Mais je comprends que…toi, ce soit différent. C’est normal… »

KANDISS & TREY

Elle se retourne pour poser une main sur ma joue. « Il n’y a plus personne…et pour ce qui est d’être ensemble, ça ne dépend que de toi… » Tout dépend de moi, seulement de moi ? Je grimace, croisant ses prunelles vertes. J’ai envie d’être avec elle, mais peut-être que ça va trop vite ? Je crains simplement que ce ne soit uniquement que pour son fils qu’elle le veuille, enfin notre fils. J’ai du mal à le dire ça bordel. « Je ne te parle pas d’être ensemble pour Eliott…mais…parce qu’on en a envie, l’un et l’autre…cette nuit…l’autre nuit…je veux dire, elle m’a fait comprendre un tas de choses et…je te l’ai déjà dit, je t’aime encore…Mais je comprends que…toi, ce soit différent. C’est normal… » Je fronce des sourcils, avant de me redresser pour me placer au-dessus d’elle, glissant une main sur le côté droit de son visage, partant de sa mâchoire jusqu’à son front où je dépose un baiser sur les petits cheveux. Je ressens comme un frisson sur son corps et j’étire un sourire, venant déposer un tendre et presque chaste baiser sur sa bouche gourmande. « Je pense que c’est précipité, que ça va trop vite et qu’on fait peut-être une erreur d’essayer de renouer un lien passé. » Elle fronce des sourcils, semblant déçue et je pose une main sur sa joue, caressant sa peau de mon pouce. « Mais je serais idiot de me bousiller l’estomac à force d’avoir mal quand je suis avec toi, quand je te vois. J’ai mal parce que j’ai envie de t’embrasser, j’ai envie d’être avec toi. » Elle étire un sourire et je lui rends avant de fondre sur sa bouche tentatrice qui ne cesse de me lancer un appel depuis un moment. Je m’écarte, à bout de souffle au bout de plusieurs minutes et je caresse sa bouche rougie d’un doigt. « On recommence tout Kandi, mais je veux être certain que tu quitteras ton ex. Parce que je n’ai pas changé, je ne suis pas partageur et… je te veux toi toute entière. Je suis prêt à accepté beaucoup de chose, mais si je fais partie de ta vie et de celle d’Elliot, alors… tu dois aussi t’attendre à du changement. Comme cet appartement ou la vie que vous menez. » J’appuie plus fortement mon doigt sur sa bouche lorsque je sens ses lèvres remuer, prête à dire quelque chose. « Non, pas de mais. Je suis... » Je me racle la gorge. « Son père et… j’aimerais que vous ayez la vie que vous auriez dû avoir si tu me l’avais dis. » Je dépose un baiser sur son front. « Et ça commence par du mobilier, des vêtements, un frigo pleins et ce genre de choses. »

Trey ○ Kandiss

La réaction de Trey me surprend me laissant une myriade de fourmis me traverser le ventre, il est au-dessus de moi, son poids appuyant sur mon corps. Mon corps réagit à sa caresse, c’est épidermique et incontrôlable. Je l’ai dans la peau, c’est un fait que je ne peux nier maintenant. « Je pense que c’est précipité, que ça va trop vite et qu’on fait peut-être une erreur d’essayer de renouer un lien passé. » Quoi ? C’est comme ça…simplement…Mon ventre se ressert, mais d’une tout autre manière, moins agréable. Je suis dans l’attente de sa sentence, prête à recevoir le coup de grâce. « Mais je serais idiot de me bousiller l’estomac à force d’avoir mal quand je suis avec toi, quand je te vois. J’ai mal parce que j’ai envie de t’embrasser, j’ai envie d’être avec toi. » Relâchement de mes doutes, propulsions de mon corps vers un autre monde où il n’y a que lui. Il fond sur ma bouche et je ne tarde pas à le rejoindre dans une étreinte de nos lèvres qui se meuvent et s’aiment à ne plus vouloir se détacher l’une de l’autre. J’ai encore le souffle court, alors que sa main vient s’échouer sur le velours torturé de ma bouche. « On recommence tout Kandi, mais je veux être certain que tu quitteras ton ex. Parce que je n’ai pas changé, je ne suis pas partageur et… je te veux toi tout entière. Je suis prêt à accepter beaucoup de choses, mais si je fais partie de ta vie et de celle d’Elliot, alors… tu dois aussi t’attendre à du changement. Comme cet appartement ou la vie que vous menez. » Non, il est hors de question qu’il donne autant, je veux protester, mais son doigt m’en empêche, il me connait bien trop et malgré les années, il sait comment je suis. C’est plaisant et troublant à la fois. « Non, pas de, mais. Je suis... Son père et… j’aimerais que vous ayez la vie que vous auriez dû avoir si tu me l’avais dit. Et ça commence par du mobilier, des vêtements, un frigo plein et ce genre de choses. » Je ferme les paupières à ce simple baiser sur ma chair, mon sourire s’élargit et je caresse à mon tour son visage offert pour moi. « En gros, tu n’aimes pas ma manière de vivre ? C’est sur que ce n’est pas le grand luxe, mais… » Il me fait taire d’un autre baiser, scellant de nouveau nos corps par ce simple contact. Je suis grisée par son corps sur le mien, je suis enchainée à lui par la force des sentiments que j’éprouve et je suis bien incapable de me battre contre lui ce soir, comme les autres jours. Je suis de nouveau avec l’homme que j’aime, comment ne pas se sentir soudainement heureuse et épanouie. « Je ne suis pas comme cette fille, tu sais…jamais je ne te tromperai, j’en serai même incapable » Ses mains glissent le long de mes bras et je le laisse faire, remontant ceux-là vers le coussin et débutant sur moi des longs et langoureux baisers. Il n’y a pas que le sexe entre nous, il y a autre chose, plus puissant et plus merveilleux. Je me laisse emporter par lui, par sa tendresse que je retrouve et non pas cette soif l’un de l’autre. Nous nous unissons sans pudeur dans la pénombre de mon salon avant de nous endormir l’un contre l’autre, un petit rictus au coin des lèvres. Je suis une nouvelle Kandiss, je suis à ma place, je l’ai retrouvé.

KANDISS & TREY

Ce matin-là, je suis parti tôt. J’ai cours à huit heures et je suis à Brooklyn, le temps de retourner jusqu’à ma chambre, de prendre une douche et rassembler mes affaires, disons que j’arrive limite à l’heure. Mais mon professeur garde la porte ouverte un peu après et heureusement pour moi. La matinée passe rapidement, je suis à fond dans mes notes que j’en oublie le reste. Mais à la pause déjeuner, la soirée de la veille revient à ma mémoire et j’étire un sourire en écrivant un message à Kandiss. Je lui informe que j’irais chercher Elliot à l’école, elle me donne l’adresse. J’en profite également pour appeler ma mère, organisant un repas pour le lendemain soir. Elle semble heureuse, mais j’ai comme un doute, elle le savait déjà. J’aurais tout le loisir de l’engueuler le lendemain. L’après-midi passe plus longuement, c’est que j’angoisse un brin de me retrouver en solo avec Elliot, mon fils. J’ai du mal encore, putain, j’ai vingt-trois ans et je suis père d’un gamin de neuf ans. L’angoisse. Mais je ne suis pas un connard qui fuit, j’assume mes erreurs et même s’il n’en est pas véritablement une, disons qu’il est arrivé bien trop tôt. Je croise Jake au retour de ma chambre avec Mia, main dans la main et je leur fais un signe. Pas le temps de m’arrêter pour parler, mais ils ne perdent rien pour attendre ces deux-là. Je monte dans ma voiture pour aller prendre le pont de Brooklyn afin d’aller chercher Elliot à l’école. J’attends devant les portes, une cigarette à la main. D’autres parents se rejoignent, discutent entre eux alors que je fais mon sauvage à l’écart. J’entends comme une cloche qui résonne et peu à peu, les cris et voix de gamins emplissent le lieu. Les portes s’ouvrent et ils sortent tous en groupe. Je cherche Elliot qui finit par arriver, semblant chercher une silhouette familière. Lorsque je me rapproche, il semble surpris de me voir mais vient rapidement auprès de moi. Il étire un sourire et je lui rends, un peu plus nerveusement. « Salut ! » Je prends son sac que je pose sur mon épaule et je l’emmène jusqu’à ma voiture. « Ta mère est encore au boulot, mais il fallait que je te parle un peu avant qu’elle ne rentre. Tu as faim ? » Il hoche de la tête et on passe par un starbuck pour prendre des boissons et de quoi manger. On retourne à son appartement et je regarde le canapé avec un sourire tandis qu’il prend place à table. Je m’installe en face de lui, croisant ses prunelles claires. Bordel qu’il me ressemble. « Alors, c’était bien l’école ? » « Oui, j’ai eu un contrôle en mathématique, facile. Et jeudi, je vais avoir les résultats d’un contrôle de français. » « Tu as de bonnes notes ? » Il hoche de la tête en dévorant son muffin. « C’est bien alors. Dis-moi, est-ce que tu te plais à ton école, tu as beaucoup de copains ? » Il hausse des épaules. « Pas trop, je n’y suis que depuis trois mois… » « Bien, dans ce cas, ça te dérangerait de devoir la quitter pour aller sur une école à Manhattan ? Tu seras plus proche de… moi comme ça ? » Il étire un sourire, ses yeux brillent et j’ai ma réponse. Je me penche en avant, posant les coudes sur la table. « Ecoute, on se connaît pas encore tous les deux, mais j’aimerais beaucoup qu’on… devienne proche. Alors, je vais vous aider un peu. Je vais prendre… mon rôle et… Vous allez déménager pour un appartement plus grand, afin que ta mère ait une chambre. Je n’ai pas pitié de vous d’accord, c’est juste que… j’aimerais vous aider à mieux vivre okay ? » Il hoche de la tête, m’expliquant qu’ils sont heureux même si maman à du mal à joindre les deux bouts. Il sait beaucoup de choses. « Et bien, ça changera. Moi j’ai de l’argent, et puis, y’aura mon Oncle qui veut te connaître, mes parents. Tu mangeras avec Misha le midi, pas de cantine et le soir, plus de babysitteur, soit moi ou Misha qui viendra te chercher. Ta maman lorsqu’elle finira plus tôt. Un peu de… stabilité… Ca te plairait ? » « J’aimerais que tu sois dans ma vie, oui. » Je suis touché par ça et je détourne la tête, serrant les mâchoires. Je le laisse terminer son goûté et il me parle de lui un peu quand je pose une question. Il me raconte ce qu’il fait à l’école, ses loisirs et j’ai même l’honneur de découvrir sa bande dessinée. D’ailleurs, Kandiss rentre alors qu’on est sur le canapé à discuter de sa BD. Je tourne la tête vers elle, un sourire aux lèvres alors qu’Elliot va l’accueillir. Je me lève et lorsqu’elle s’approche de moi, je sens qu’elle hésite. Alors, je réduis l’espace entre nous pour déposer un baiser sur ses lèvres. « Je dois te parler… Mais avant, on sort manger ce soir. Restaurant, ça vous dit ?! »

Trey ○ Kandiss

J’entends Trey se lever assez tôt, il m’embrasse avant de sortir de l’appart. Je me lève, je n’arrive plus à dormir, je vais refermer la porte à clé et je file sous la douche pour me préparer, au moins ce matin, je ne serais pas en retard. Je replie le canapé et je prépare le petit déjeuner avant de m’installer devant la télé pour attendre l’heure de réveiller Eliott. Je suis bien, je ne sais pas encore où je vais, mais je me sens une femme nouvelle, le cœur rempli d’une chose qui me ronge dans le bon sens. 7h sonne et je vais réveiller mon bout de chou avec un baiser. Il me serre le cou avant de demander si son papa est là. « Non, il a cours, il est parti très tôt, mais il viendra mercredi, alors ne t’inquiètes pas, ok » Son petit sourire déçu, je le remarque et je lui décoiffe les cheveux pour lui rendre sa bonne humeur. Il passe de sa chambre à la salle de bain, se prépare tout seul avant de me rejoindre à la table pour le petit déjeuner. On parle un peu et je ne lui dis pas encore que je suis de nouveau avec Trey, je ne veux pas lui donner de fausse joie. Même si je crois en Trey. On sort de la maison, et en route pour l’école pour une fois, on arrive alors que les portes s’ouvrent, ça nous change. J’embrasse mon bouchon avant de laisser filer. Je m’engouffre dans le tunnel pour aller jusqu’au métro et je fais ma journée de travail comme à mon habitude. Je reçois un coup de fil de Stefan assez froid alors que je passe le relais à mon binôme du soir. « C’était qui ce type hier soir, Kandiss ? » J’ai un temps de réflexion, si je lui dis la vérité, je me fais virer et en même temps si je ne le fais pas, c’est comme si je trahissais Trey. « C’est le père de mon fils, Stefan » « Ah ouais ?! Et tu couches avec ? » Nouveau temps de silence, il insiste en me traitant de trainée. « Écoutes ! Tu n’as rien à me dire avec ta femme que tu promettais toujours de quitter ! T’es un salaud et je ne veux pas de ça dans ma vie. Je voulais attendre que tu sois sur New York, mais puisque tu es comme ça, alors je vais te le dire, oui, je couche avec lui et je l’aime…c’est fini toi et moi, je ne veux plus de tes mensonges, de toute cette merde ! » Il m’insulte encore et je n’ai qu’une envie balancer mon portable. Surtout que Trey m’a prévenue qu’il serait à la maison, je ne veux pas arriver en larmes. « Tu sais quoi, petite pute…t’es virée » « Tu ne peux pas me virer sans raison, Stefan ! Je te foutrais un procès au cul ! » « Ah oui, avec quel argent ! » « T’inquiète pas pour ça, pauvre con ! » Je lui raccroche au nez, furieuse je prends mon métro tentant de me calmer pendant le trajet, mais j’ai les nerfs à vif, si je perds mon job, je suis bonne pour galérer encore et il est hors de question que je le dise à Trey. Je veux m’en sortir toute seule. J’arrive devant la porte et je fais un mur entre ma journée, les problèmes et ma vie privée. J’ouvre la porte et je tombe sur mes deux hommes. Eliott est le premier à venir me sauter dessus et je lui demande comment s’est passée sa journée, il est tout excité. Je me redresse pour voir Trey venir et je ne sais pas si je dois, lui dire un simple bonjour ou si…il choisit pour moi et je me sens subitement gênée. Mais lorsque je vois les yeux brillants de mon bonhomme, je sais que lui approuve à 100%. « Je dois te parler… Mais avant, on sort manger ce soir. Restaurant, ça vous dit ?! » Eliott répond avec un oui enthousiaste et je ne peux pas refuser. « Ok, alors. Vous me laissez le temps de me changer ? » Je n’attendant pas la réponse que je vais directe dans ma commode pour prendre une robe et je file à la salle de bain. Je ressors quelques minutes après, prête à sortir. Trey m’attrape par les hanches et je tiens Eliott par la main. « Tu vas voir Maman, sa voiture, elle est trop classe ! » Je souris, attendris. Mon petit homme est heureux, je ne croyais pas cela possible à ce point. Moins d’une demi-heure après, on se retrouve à trois autour d’une table et lorsqu’Eliott me demande s’il peut aller regarder la télé dans un coin adapté aux enfants, je l’autorise, il reviendra manger le reste un peu plus tard. « Alors ? Ta journée ? Tu sais…c’est adorable d’avoir fait ça pour…Eliott. Il est tellement heureux, je ne l’ai pas vu comme ça depuis sa première visite au zoo » J’enchaine l’air de rien dans la conversation, histoire de l’informer sans en faire un fromage. « Et j’ai rompu avec Stefan… »

KANDISS & TREY

« Ok, alors. Vous me laissez le temps de me changer ? » Kandiss part se préparer et je reste avec Elliot à discuter de là où on ira. Je le laisse choisir et lorsque Kandiss est prête, je la prends par les hanches pour quitter son logement. J’étire un sourire à la réplique du mini Trey sur ma voiture, il a de bon goût, c’est un bon point. Une fois à table, je plante ma fourchette dans ma viande alors qu’Elliot part dans un box pour regarder la télévision. « Alors ? Ta journée ? Tu sais…c’est adorable d’avoir fait ça pour…Eliott. Il est tellement heureux, je ne l’ai pas vu comme ça depuis sa première visite au zoo … Et j’ai rompu avec Stefan… » Je redresse la tête vers elle, surpris par la dernière annonce. « Ca été, les cours quoi et… je le fais parce que ça me fait plaisir et que j’ai envie de m’investir. » Je tends ma main pour la déposer sur la sienne, un sourire aux lèvres avant de me redresser, posant un coude sur le dossier de la chaise. « Je suis content de l’apprendre. » On échange un regard complice et je mange un morceau de ma viande avant d’attaquer le sujet délicat. « Quand je parle d’investissement, je ne parle pas que de ma présence. J’ai discuté avec Elliot tout à l’heure et il approuve totalement. Donc, je te pose plutôt devant le fait accompli. » Elle fronce des sourcils et je termine ma bière avant de continuer d’une voix neutre. « J’aimerais que tu fasses tes cartons, tu déménages. Je vais vous trouver un appartement plus grand, sur Manhattan, et Elliot va changer d’école. Il ira dans une école privée sur l’Upper East Side. Et… Ce n’est pas vraiment une question Kandiss. Je sais que là, tu penses que je t’entretiens et ce n’est pas le cas. Je veux simplement vous offrir une belle vie, sans soucis d’argent ou de galère à la fin du mois. J’ai de l’argent et j’aimerais que vous en profitiez, que vous puissiez aller au Zoo sans vous priver de viande. J’aimerais que tu ais une chambre afin qu’on puisse faire l’amour sans craindre qu’il se réveille pour aller au toilette. J’aimerais que tu sois heureuse et épanouie. Je sais que tu l’es, mais pas totalement. Tu galères, je le sais et Elliot parle beaucoup. Je suis au courant pour tes fins de mois, alors accepte simplement… » Je me lève, contournant la table pour m’accroupir devant elle, mes mains sur ses jambes. « Tu sais comment je suis Kandiss, et… Mes parents, mon Oncle veulent aussi s’investir. Il mangera avec mon oncle le midi et pas besoin de babysitteur, mon oncle pourra s’en occuper jusqu’à ce que tu rentres. Ou moi, quand je finis tôt. »

Trey ○ Kandiss

« Je suis content de l’apprendre. » Je n’attendais rien de mieux que ça, un regard on se comprend. Pour le reste des soucis, on en parlera plus tard. « Quand je parle d’investissement, je ne parle pas que de ma présence. J’ai discuté avec Elliot tout à l’heure et il approuve totalement. Donc, je te pose plutôt devant le fait accompli. » Je m’inquiète là, j’ai le palpitant qui s’emballe à ce qu’il va me sortir. Il le sent, cela ne fait aucun doute et je suis accrochée à ses lèvres pour qu’il accouche. « J’aimerais que tu fasses tes cartons, tu déménages. Je vais vous trouver un appartement plus grand, sur Manhattan, et Elliot va changer d’école. Il ira dans une école privée sur l’Upper East Side. Et… Ce n’est pas vraiment une question Kandiss. Je sais que là, tu penses que je t’entretiens et ce n’est pas le cas. Je veux simplement vous offrir une belle vie, sans soucis d’argent ou de galère à la fin du mois. J’ai de l’argent et j’aimerais que vous en profitiez, que vous puissiez aller au Zoo sans vous priver de viande. J’aimerais que tu aies une chambre afin qu’on puisse faire l’amour sans craindre qu’il se réveille pour aller aux toilettes. J’aimerais que tu sois heureuse et épanouie. Je sais que tu l’es, mais pas totalement. Tu galères, je le sais et Elliot parle beaucoup. Je suis au courant pour tes fins de mois, alors accepte simplement… » En d’autres circonstances, j’aurais râlé, je n’aurais pas accepté sans me battre, mais là, je suis déjà tendue et à fleur de peau, alors ce sont les sentiments qui prennent le dessus. Ma fourchette se place sur le bord de mon assiette, j’ai les yeux qui brillent, j’ai envie de pleurer. Eliott avait parlé et je me sentais honteuse, parce que je ne pouvais pas tout offrir à mon fils, alors que lui si. C’était comme si on me disait que j’étais une mauvaise mère, qu’on avait pitié de ma vie et là, c’était terrible pour moi, même si je savais que Trey ne le pensait pas et qu’il ne pensait qu’à notre bien. Il vient vers moi, et s’accroupit, je craque, j’attrape ma serviette et je tourne la tête. Ma journée et mes soucis envahissent ma tête et tout ce qu’il dit et fait, c’est entre « je suis heureuse, mais je n’en peux plus » imaginez-vous des années de galère comme cendrillon et votre prince qui vous sort que tout est fini que tout être merveilleux. Le trop-plein, je vous dis. La pression qui s’écroule avec tout ce qui marquait votre quotidien. « Tu sais comment je suis Kandiss, et… Mes parents, mon Oncle veulent aussi s’investir. Il mangera avec mon oncle le midi et pas besoin de babysitteur, mon oncle pourra s’en occuper jusqu’à ce que tu rentres. Ou moi, quand je finis tôt.» « Pardon…c’est juste que…ça fait beaucoup pour moi…Je…Je suis crevée et…Je suis heureuse, mais…j’ai vraiment l’impression que ma vie est minable et…j’ai tellement galéré…je ne sais pas quoi dire… » Je détourne la tête de nouveau, je ne veux pas qu’il voit mon désarroi, pas comme ça. Comment pourrait-il comprendre. Je sèche mes larmes avec la serviette et je me tourne vers lui, les yeux rouges. « Je suis nulle, hein ? Arriveras-tu à vivre avec une ratée… » Oui, là, c’est carrément la déprime pour moi, va falloir que je me calme.